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232 DE LA PHILOSOPHIE DE L'HISTOIRE.
systèmes dont les dernières conséquences viennent aujour-
d'hui se perdre dans un humanisme indigne de tout examen.
C'est 1k, c'est sur la philosophie applique'e par Lessing,
Fichte, Schelling et Hegel à l'histoire que nous porterons
d'abord notre attention.
Lessing fait passer le genre humain par les degrés d'une
éducation panthéistique, dont la religion, se modifiant et
se perfectionnant d'époque en époque, serait la base.
A en croire Fichte, cinq périodes sont ouvertes au déve-
loppement de la vie de l'humanité. Nous n'aurions que faire
de définir plus particulièrement ces cinq âges qui sont :
1° celui de l'innocence; 2° celui de l'autorité ; 3° celui de
l'indifférence absolue pour toute vérité ; 4° celui de la science
rationnelle ; 5" enfin de celui de la mise en pratique de la
science ou de la sanctification. Qu'il suffise de savoir que
Fichte prend le genre humain dans son enfance, dans le
temps primitif d'ignorance et de simple épanouissement des
instincts, pour le mener jusqu'Ã une perfection telle que le mal
devra disparaître de la terre. A ce moment bienheureux, le genre
humain aura atteint sa destination, en s'élevant jusqu'à une
grande et universelle république, sous forme de théocratie,
qui constituerait l'Etat absolu ou l'Etat parfait.
Schelling et Hegel ne font pour ainsi dire que varier les
étapes dans cet itinéraire toujours le même de l'humanité
vers son but panthéistique. Ainsi, avec Schelling nous de-
vons traverser les trois périodes du destin, de la nature,
de la providence ; avec Hegel les périodes se différencient,
ce sont celles du monde oriental, du monde grec et romain,
du monde chrétien, et cette dernière serait à subdiviser
encore en époques distinctes.
On comprend combien il est facile de tailler à sa guise
tous ces compartiments artificiels dans la matière nullement
résistante de la métaphysique et de l'histoire; et si nous re-