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212 L'ACADÉMIE DE LYON Racine fils acheva a Lyon son poème de la Religion, et fit plusieurs lectures à l'Académie, parmi lesquelles un intéres- sant parallèle de l'Andromaque de son père avec l'Andro- maque d'Euripide. Ne plaindrez-vous pas, Messieurs, le sort de ce poète égaré au sein de la finance et des gabelles, et qui toujours soupire pour la poésie, qu'il appelle son ancienne maîtresse ? Nous voici arrivés au plus beau jour de l'Académie du xvme siècle, a la réception de Voltaire. Nommé académi- cien honoraire en 1745, après l'envoi de son poème de Fon- tenoi, il vint pour la première fois à Lyon en 1754, et aussitôt, comme depuis longtemps il en avait manifesté le désir (1), il demanda a prendre place parmi ses confrères. Une séance publique eut lieu en son honneur, le 6 décembre, à l'Hôtel- de-Ville. D'abord Voltaire, en quelques paroles, témoigna à la compagnie ses sentiments d'estime et de reconnaissance ; ensuite le directeur Bordes, qui, avec l'abbé Pernetti, lui avait fait les honneurs de la ville, le complimenta au nom de la compagnie, dans un discours où il appréciait avec finesse certaines qualités de son génie dans les divers genres où il a brillé. la passion de la fortune qui m'y a conduit, j'y conserve toujours ma première passion à ia poésie, mon ancienne maîtresse. J'ai peu de temps à lui donner. Il faut que je me dérobe à des occupations fatigantes et continuelles pour goûter avec elle quelques moments agréables mais très-courts, et dont je dois même faire un mystère parce qu'on pourrait m'en faire un très-grand crime. » (Lettres de J.-B. Rousseau sur divers sujets.) (1) Il écrivait, en 1746, au secrétaire Bollioud-Mermet : « Je vous re- mercie du livre plein de goût et de raison que vous m'avez fait l'honneur de m'envoyer (sur la corruption du goût dans la musique française.) Je me félicite d'avoir pour confrère l'auteur d'un si agréable ouvrage. Je vois que Lyon sera bientôt plus connu dans l'Europe par ses Académies que par ses manufactures. Vous redoublez, Monsieur, l'envie que j'ai d'aller me faire recevoir. »