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AU XVIIIe SIÈCLE. 197 celui de Boileau ; le premier lieu des séances fut le cabinet de Falconnet, un des derniers et des plus habiles défenseurs de la physique de Descartes, avec Fontenelle, avec Mairan et avec le curé Villemot qui était aussi un membre de la nouvelle Académie (1). Mais bientôt l'Académie des inscrip- tions et belles-lettres de Paris devait enlever Falconnet a la ville de Lyon (2). Deux Jésuites faisaient aussi partie de cette petite société d'élite, le P. Saint-Bonnet, cartésien quoique jésuite (3), savant astronome qui employait à la construction de l'observatoire la pension que lui faisait sa famille , et le père Fellon, rival de Rapin et de Vanière, auteur de deux poèmes latins, l'un sur le café et l'autre sur l'aimant, qui ont été loués par Boileau. Le poème sur l'aimant est dédié a de Puget qui, avec (1) Villemot, curé de la Guillotière, à Lyon , est l'auteur du Nouveau système ou nouvelle explication du mouvement des planètes, in-12 , 1707. Il est dit, dans l'Encyclopédie, à l'article Cartésianisme, que c'est le meil- leur ouvrage en faveur de Descartes. (2) Falconnet est l'éditeur de la Théorie des tourbillons cartésiens de Fontenelle et il en fît la préface. Il a aussi traduit en latin l'ouvrage du curé Villemot. Voici ce qu'en dit Grimm dans sa correspondance, tom. I , p. 268 : M. Falconnet, de l'Académie des inscriptions, médecin consultant du roi, homme charmant qui, à l'âge de 80 ans, a le feu, la force, les agréments, la gaîté, les grâces de la jeunesse. Ce vieillard, unique dans son genre, joint à une érudition fort vaste , les vertus et les qualités les plus respectables. Il est regardé par les gens de lettres comme leur père. » (3) « Le P. Saint-Bonnet avait embrassé le système de Descartes dès qu'il parut. Les Jésuites lui en faisaient la guerre et l'attaquaient souvent sur l'âme des bêtes. Il ne s'effrayait point de leurs arguments, mais il avouait que le chien de leur maison de campagne le mettait souvent au sac; cet animal, qui s'était attaché à lui, paraissait entendre ses moindres signes et s'y conformer avec une docilité qui l'étonnait. » (Pernetti, Lyonnais dignes de mémoire, 2 vol. in-12. Lyon, 1757, tom. II e , p. 143). Je puis citer encore un autre Jésuite cartésien du collège de la Trinité, le P. Rabuel, auteur d'un Commentaire sur la géométrie de Descartes.