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146                   HISTOIUE DE CHARLIEU.

 La modération de cet auteur est d'autant plus méritoire qu'il y
 a aux environs de Charlieu et dans cette ville même des monu-
 ments romains qui auraient pu servir de base à un autre système.
 Mais, comme il le dit très-bien, l'existence d'une voie antique
 dans ce canton, en supposant qu'elle soit démontrée, ne prouve-
 rait pas l'existence d'une ville. « L'abbaye de Charlieu, dit-il plus
loin, fut probablement le berceau de la ville.» C'est en effet fort
probable. Aussi est-ce par le récit de la fondation de cette abbaye
 que M. Desevelinges commence son livre.
    Suivant lui, la vallée où est aujourd'hui Charlieu n'était jadis
 qu'un marais alimenté par les eaux du Sornin, marais entouré et
 entrecoupé de bois. On l'appelait la vallée noire. L'emplacement et
 les alentours de la ville appartenaient à Ratbert,évêque de Valence,
et à son frère Edouard. L'endroit était fort peu agréable, et c'est
par antiphrase qu'ils lui donnèrent le nom de cher lieu, en latin
cartts (OCMS (d'où est venu Charlieu), lorsqu'ils y fondèrent un
monastère de Bénédictins, en 872, sous le patronage de saint
Etienne et de saint Fortuné. Le premier abbé du nouveau monas-
tère s'appela Gausmard. Peu de temps après cette fondation,
Edouard mourut, mais son frère Ratbert soutint l'œuvre, et, pour
lui donner plus de stabilité, la fit confirmer par le concile de Pont-
sur-Yonne, qui fut tenu en 876. Le concile accorda au seul fon-
dateur les droits de patronage pendant sa vie, et fit défense à ses
proches et à qui que ce fût d'y prétendre rien après lui. Ces
solennelles déclarations n'arrêtèrent pas le duc Boson, gouverneur
du pays.Il s'empara de cette abbaye (comme de beaucoup d'autres),
et la tenait encore sur la fin de 879, après qu'il eut été élu roi de
Provence. Mais, étant venu à Charlieu, et y étant tombé malade, il
fit, dans son testament, l'abandon de ses prétentions ; par un autre
acte, pour réparer le mal qu'il avait fait au monastère, il lui donna
une petite abbaye sous le vocable de saint Martin. Il s'agit ici du
monastère de Régny, qui est voisin de Charlieu, et non pas de
l'abbaye d'Ambierle, comme je l'avais supposé dans mon Histoire
du Forez, en l'absence de documents.

  « Pour cette libéralité, et pour d'autres peut-être ignorées
aujourd'hui, dit M. Desevelinges, Boson a toujours été regardé