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                    LE PÈRE DE LA CHAIZE.                     139

de rendre la paix au monde chrétien en abandonnant les droits
de quelques églises auquelles l'assemblée avoit jugé à propos de
renoncer pour le plus grand bien de l'Eglise même et en faveur
du plus grand des rois. »
   Le pape, loin d'être ébranlé par cette dépêche, y répondit
par un bref adressé à tous les prélats de France, « par lequel
il cassoit et annuloit tout ce que l'assemblée du clergé avoit fait
touchant la régale. »
   Au point où en était la question, il ne fallait plus espérer de
la résoudre par les voies de la douceur. Les parlements, non
contents d'interdire la publication des derniers brefs, appelèrent
comme d'abus des décisions pontificales, et Innocent XI or-
donna, de son côté, de déférer au saint-office les arrêts des
parlements et de les livrer aux flammes.
   Ce fut le dernier bref du Pape qui donna le signal de l'Assem-
blée de 1682. Innocent XI par sa rudesse avait profondément
blessé la nature si royale de Louis XIV ; les prélats se sentaient
atteints dans leur dignité par quelques expressions un peu vives.
Dans un premier mouvement d'irritation ils signèrent les quatre
articles. Jamais plus rude coup ne fut porté depuis des siècles
 à la chaire du saint Pierre. Mais si loin que soit allé le clergé
 de France, il est juste de reconnaître qu'il s'arrêta au bord de
l'abîme. Le Roi était trop sincèrement chrétien pour rompre à
jamais avec Rome ; Bossuet, organe secret de sa pensée intime,
 ainsi que le Père de la Chaize, Bossuet avait, en des paroles
 sublimes et à jamais mémorables, fait pleinement comprendre
 combien une rupture avec la papauté était loin de l'esprit de
 Louis XIV. « Sainte Eglise Romaine, s'était écrié l'auguste pré-
 lat, mère des églises et de tous les fidèles, Eglise choisie de
 Dieu pour unir ses enfants dans la même foi et dans la même
 charité , nous tiendrons toujours à ton unité par le fond de nos
 entrailles. »
   Dans l'assemblée de 1682, Bossuet, tout en obéissant à sa
propre conscience , ne fit que se conformer aux volontés du roi.
Il temporisa, et laissa la parole à ses confrères. Quelques pré-
lats , ce fut le petit nombre, s'étant montrés trop zélés pour