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130 LE PÈRE DE LA CHA.IZE. misérable quels dommages peut causer à l'Eglise une piété dé- nuée de prudence et de douceur ; que ce prélat qui, pendant sa vie , en opposition constante avec les constitutions et les décrets du Saint-Siège, voulut se donner dans son diocèse pour l'égal du pape, que dis-je, pour son supérieur; qui fut le seul, en un mot, ou le second, qui, impatient de tout pouvoir légi- time,osât invoquer si témérairement l'autorité du concile dejLyon, et qui fit pour ainsi dire violence à ce même concile en détour- nant d'une façon manifeste le sens de ses décisions, afin de pou- voir arracher à l'autorité royale une prérogative si solidement établie depuis des siècles. Quant à ce qui concerne les abbesses des religieuses urbanis- tes (1), le Roi ne désire en aucune façon s'arroger un nouveau droit, mais bien jouir de celui qui lui appartient depuis un temps immémorial, de même que ses ancêtres en ont joui, dans l'intérêt commun de l'Église de France, et qui a été si bien en vigueur jusqu'à présent qu'il ne saurait être en aucune manière supprimé sans injustice. 11 ne m'est pas possible de parler aujourd'hui plus au long de cette affaire, et je crains aussi qu'il ne me soit pas donné d'en parler à fond à Monseigneur le Nonce apostolique. J'ai reçu, en effet, la lettre de Votre Paternité, au moment de partir pour la Belgique, pour y rejoindre l'armée du Roi, et à peine ai-je eu le temps de dicter à la hâte cette lettre. J'ajouterai seulement un mot ; c'est qu'il plaise au Souverain Pontife, dans sa Paternelle Equité, de ne pas statuer sur cette affaire, et de ne préjuger rien, sans avojr entendu la partie adverse ou sans avoir pris connaissance des pièces et des actes authentiques qui doivent lui être soumis, et que se sont efforcés avec soin de (!) Les Urbanistes prétendaient qu'elles avaient le droit d'élire leurs supérieures, la cour leur contestait ce droit, etse croyait fondée à faire seule les nominations. De semblables débats eurent lieu également à propos de la maison de Cha- ronne et de l'abbaye de Cluny. Les religieuses Urbanistes firent entendre à Rome de nombreuses plaintes ; c'est à quoi fait illusion le P. de la Chaiïe. Innocent XI avait embrassé leur cause avec une chaleur extrême.