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114 VISITE A SANT' ONOFRIO. sur sa tombe ; sa pensée qui laisse h peine entrevoir l'om- bre d'un regret, se reporte de suite a son pieux asile, h ce lieu élevé où il vient en la compagnie des saints religieux, dit-il, commencer l'étemel entretien avec le ciel. Puis ce cœur tendre promet un immortel souvenir et une immortelle prière à son ami, et l'on sent qu'en fuyant la terre il éprouve le besoin de se retrouver avec tout ce qu'il aime au sein de Dieu. Ah ! voila de la poésie vraie ! de la poésie sublime ! de la poésie divine ! et qui laisse bien loin derrière elle toutes les fastueuses lamentations Byroniennes de notre siècle. Cette dernière lettre h son ami fut aussi son adieu su- prême à la terre, comme on va voir en lisant le récit de ses derniers moments, que j'emprunte a son historien et fidèle ami, Manso. On me permettra de prendre la narration à l'ar- rivée du Tasse a Sant' Onofrio, et d'en conserver la tournure simple et naïve. « Torquato sentant ses forces diminuer, résolut de se retirer vivre ses derniers jours dans le monastère de Sant' Onofrio, parmi les religieux du B. Pierre Gambacarti de Pise, pour lesquels il avait beaucoup de vénération et d'amitié ; il s'y fit conduire aux premiers jours d'avril. « 11 tombait cette matinée une pluie torrentielle, le vent soufflait avec violence, en sorte que les Pères, voyant le car- rosse du cardinal Cinzio vers la montée, avec ce mauvais temps, pensèrent qu'il ne devait pas arriver la sans quelque motif grave, et le Prieur, suivi de beaucoup d'autres reli- gieux, se rendit selon l'usage jusqu'au lieu où Torquato, déjà souffrant, avait mis pied à terre et montait péniblement. En les voyant, il leur dit qu'il venait mourir parmi eux. (Quivi era venuto a morire fra loro). Le Prieur et les Pères le reçurent avec une grande tendresse, une grande charité, et l'accompagnèrent dans la plus commode de leurs cellules.