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66 NOTICE poissons, des guirlandes ou des ornements en arabesques. Les guerres sanglantes que se firent, au moyen âge, les barbares conquérants des provinces de l'empire romain, plongèrent ces peuples malheureux dans une ignorance com- plète des arts et des sciences. Occupés sans relâche à sau- ver des désordres de la guerre et leurs biens et leur vie, ils durent peu se mettre en peine de conserver les procédés de peinture pour en faire usage dans un temps plus heu- reux, et ce fut ainsi que l'encaustique, si brillante chez les Grecs, fut totalement perdue pendant tant de siècles. Lors- que l'on commença a goûter les douceurs de la paix et que les arts parurent vouloir renaître, on rechercha les moyens de retrouver les doctrines des anciens ; mais ceux-ci n'ayant pu prévoir que leur brillante méthode pourrait jamais être abandonnée, n'avaient point eu la précaution de noter par écrit l'explication technique de son exécution matérielle , et les vagues explications données par Pline et les autres au- teurs ne purent jamais rendre aux artistes nouveaux ce qui, pour eux, devait être perdu sans retour. Alors chacun, sui- vant ses lumières, adopta le procédé qui lui parut le meil- leur et chercha a le perfectionner. Les uns eurent recours à la colle mêlée aux couleurs, d'autres se servirent du mucilage de l'œuf, quelques-uns empruntèrent aux anciens le mélange de la cire avec l'huile, et l'employèrent dans des tableaux qui existent encore et qui sont bien antérieurs a Jean de Bruges. Ce fut ainsi que peignit Colantonio del Fiore, Napolitain, que les Italiens voudraient aussi nous donner pour être le premier inventeur de la peinture a l'huile ; mais, sans par- ler ici des réclamations importantes faites par les Bolonais, les Vénitiens et autres, qui prouvent qu'avant l'existence de Van Eyck cette méthode était déjà pratiquée chez eux, et qui citent a l'appui de leurs réclamations des tableaux exé-