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ÉPIGRAPHIE LYONNAISE. 61 dans lesquels il y a le plus à apprendre sur nos antiquités. C'était un homme bienveillant et modeste, qualités peu com- munes chez les archéologues ; on l'a beaucoup exploité , et parfois en le dénigrant. De tous ses ouvrages, celui qui a placé son nom le plus haut, c'est le Musée lapidaire du Pa- lais-des-Arts , création unique dont le mérite est de jour en jour mieux senti. Il n'existe rien de comparable en France; cette collection de monuments epigraphiques me paraissait fort belle encore lorsque j'examinais celle du Vatican. Artaud a écrit un ouvrage fort important sur les pierres tumulaires qu'il a rassemblées sous les arcades de l'ancien Palais Saint- Pierre ; de tous ses travaux archéologiques , c'était celui dont il était le moins mécontent. En 1817 , l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres décerna l'un de ses prix an- nuels à cette monographie si importante pour l'histoire de notre cité ; elle avait inscrit l'auteur depuis quelques années sur la liste de ses correspondants. Qu'était devenu cet ouvrage? Prié de m'en informer, j'é- crivis, en 18iG, au secrétariat de l'Institut; on me répon- dit qu'Artaud , désirant faire des corrections à son travail, avait retiré son manuscrit et ne l'avait pas rendu. Des dé- marches actives faites soit à Paris , soit a Orange, pendant trois mois, n'eurent aucun résultat; je me résignais a les abandonner, lorsque le hasard me mit sur la voie. L'ouvrage si impatiemment recherché n'avait pas quitté Lyon, et il était a quelques pas de mon cabinet de bibliothécaire, au Palais-des-Arts, chez le concierge Chirat, a qui Artaud l'avait légué par une clause assez singulière de son testament. Chirat croyait posséder un trésor ; des tentatives faites pour l'acquisition et la publication du manuscrit, bien accueillies d'abord , finirent par échouer. Le Musée lapidaire m'avait été prêté pour quinze jours ; par le fait d'une circonstance fortuite dont le récit serait sans intérêt, il ne me fut pas pos-