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                    LE PÈRE DE LA CHAIZE.                       41
l'éminent M. Valuago me présentât des lettres de recommanda-
tion ; car, outre que c'est un homme d'un singulier mérite, à
peine ai-je compris quels étaient ses liens de famille avec Votre
Paternité qu'il a commencé aussitôt à m'être très-cher ; je m'af-
flige seulement de ce que ma sincère affection pour lui ne lui
ait été jusqu'à présent d'aucun secours : Je saisirai certainement,
le plus tôt possible, l'occasion de lui prouver combien je lui suis
entièrement dévoué.
   Je comprends parfaitement ce que Votre Paternité désire que
je sois au milieu des agitations de la cour ; les louanges qu'elle
me donne et que je suis loin de mériter, je les reçois comme une
leçon. Je serais sans doute un fils digne de notre Société et d'un
si bon Père, si je ressemblais à l'homme qu'elle loue avec tant de
complaisance dans ses très-aimables lettres ; dans ces lettres dont
je garderai le souvenir le plus longtemps possible, afin de pouvoir
réaliser l'idée parfaite qu'a conçue de moi Votre Paternité.
    Je désire très-vivement que Votre Révérence ne m'oublie pas
dans la célébration du saint sacrifice, et je me recommande ins-
tamment à ses prières.

   Nous n'avons pu malheureusement découvrir aucune lettre du
Père de la Chaize pendant l'année 1676. Cette lacune est d'au-
tant plus regrettable que ces lettres nous eussent peut-être donné
quelques nouveaux et intéressants détails sur la prise de Liège
et de Condé, villes que Louis XIV força l'épée à la main à la
tête de ses troupes.

   Lorsque le Père de la Chaize fut nommé confesseur du roi,
madame de Montespan était au comble de la faveur. La rigidité
inflexible du Père Ferrier, l'austère et indépendante parole de
Bourdaloue, l'éloquence si puissante de Bossuet, les remon-
trances hardies de Mascaron n'avaient pu ébranler son empire
Le roi aimait cette surprenante beauté avec toute l'ardeur de
la jeunesse et l'irrésistible entraînement de la passion.
   Louis XIV avait fait un mariage politique. Marie - Thérèse
d'Autriche était la vertu même, rien n'égalait sa bonté, sa dou-