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468 Lecouvent et ses dépendances furent vendus comme biens na^ tionaux, pendant la Révolution, à M. Ch.... qui en a fait une espèce de ferme-modèle. Demain, si vous voulez , continua M. Ch.... qui me narrait la fin tragique des religieux de Val-Croissant, nous irons faire une reconnaissance jusque là -haut, il n'y a que trois heures de mar- che. Vous verre? en route les plus belles forêts du pays, et du sommet de la montagne un des panoramas les plus étendus du Dauphiné. —Bien mieux, lui dis-je, je veux coucher dans la grotte de l'abbé , j'y ferai de beaux rêves. Le lendemain avant le jour nous étions en route; M. Ch.... était escorté de son fils, hardi et infatigable chasseur. Je les suivais le sac au dos, le bâton ferré à la main ; et à sept heures nous arrivâmes presque au niveau des dernières vé- gétations. Je nettoyai l'intérieur de la grotte des herbes que le vent ou les ours y avaient apportées, je déposai dans un coin un panier plein de mets froids, et je me préparai un lit de fougères sèches. Puis nous abattîmes, avec une hache de voyage , de grosses branches de sapin mort et d'épaisses brous, sailles, pour faire du feu à mes pieds pendant la nuit. Si vous entendez du bruit, me dirent mes guides, n'ayez pas peur, car les ours craignent la lumière, et d'ailleurs il n'y a pas d'exemple dans le pays qu'ils aient les premiers attaqué un homme. — Je leur dis adieu après les avoir remerciés , et je ren- trai seul dans ma tanière, non sans soupirer profondément. Mon cœur se serra de plus en plus à mesure que le jour s'a- vançait ; de mélancoliques idées me revenaient à chaque instant plus serrées et plus tristes. Une crainte vague à laquelle se mê- lait un vif sentiment de bonheur calme et d'indépendance, me fit penser jusqu'au soir à la grandeur de mon isolement, et me rendit incapable de mettre à fin un travail de quelque durée. Je courus sur ces rampes calcaires qui sont comme les de- grés du piédestal de Glandas, ce gigantesque monument laissé par lés eaux diluviennes ; je m'enfonçai de solitudes en solitu- des , sans but, sans autre désir que celui de voir, ou plutôt de changer de place. J'eus à peine la patience de tracer quelques