Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                       33E
  « grammes, ses turlupinades, ses libelles, qu'il n'ait mérité le
  « déshonneur dont sa mémoire reste chargée.
    « Ce n'est pas , ajoute le biographe , pour avoir composé des
  •< satires que Gacon s'est déhonoré ; tous les genres de satires ne
  « sont pas blâmables , et il n'est pas donné à tous les poètes d'y
 « réussir : où donc a été le tort de Gacon? D'avoir attaqué sans pu-
  « deur les hommes les plus vertueux, les talensles plus distin-
 « gués, d'avoir eu l'air de spéculer pour vivre sur le scandale et
 « la calomnie. »
   Malgré toute notre estime pour le caractère et le talent de M. Fa-
 bien Pillet, nous nous passerons cependant de sa permission
 pour faire observer ici que le jugement qu'il a porté sur le poète
 Gacon, estloin de se recommander par une grande exactitude. Nous
 croyons savoir assez bien que le satirique lyonnais avait de la
 témérité , qu'il a osé , maintes fois, se mesurer avec des hommes
 qui lui étaient infiniment supérieurs , tels que Boileau , Thomas
 Corneille, Duché, Dancourt, Lamotte-Houdart, Jean-Baptiste
 Rousseau; mais il faut convenir aussi que ses traits ont souvent
 été dirigés contre des écrivains fort médiocres, comme le sieur
Bordelon , très-niais auteur des Diversités Curieuses ; l'avocat Per-
rachon, auteur de poésies passablement misérables, quoique
 dédiées au roi; le sieur Devisé, créateur et rédacteur principal
du Mercure galant ; la demoiselle Sainlonge, à qui l'on doit les
fades opéras de Didon et de Circé, siffles en 1693 et en 1694 ;
enfin le sieur Debrie, auteur d'une tragédie des Héraclides et
d'une comédie du Lourdaut, pièces honteusement tombées en
1695 et en 1697 , et qui donnèrent lieu à Jean-Baptiste Rousseau
de composer cette jolie épigramme :
          Pour disculper ses Å“uvres insipides,
          Debrie accuse et le froid et le chaud :
          Le froid, dit-il, fit cheoir mes Héraclides,
          Et la chaleur fit tomber mon Lourdaut.
          Mais le public, qui n'est point en défaut,
          Et dont le sens s'accorde avec le nôtre,
          Dit à cela : taisez-yous, grand nigaud ;
          C'est le froid seul qui fit cheoir l'un et l'autre.

  En lisant les pièces que présente le petit volume intitulé : Œu-