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de l'historien en donnant le résultat de mes investigations.
   L'individu qui s'imaginait estre le sauveur de sa patrie, se
nommait Benoît Besson , et il exerçait la profession de maître
tailleur d'habits. Ne pouvant obtenir le payement de la somme
qu'il prétendait lui avoir été promise , il se pourvut, le 15 avril
1608, devant les officiers de la Sénéchaussée et Siège présidial.
Le Prévôt des Marchands et les Echevins tentèrent d'abord d'as-
soupir ce procès ; mais Besson fut intraitable, et le 19 octobre
suivant, il présenta à MM. de la Sénéchaussée une nouvelle re-
quête dans laquelle il exposait que, voyant le danger dont le
pont de la ville était menacé par les glaces, il fit savoir à
MM. du Consulat qu'on lui avait enseigné un secret par le moyen
duquel, et avec l'aide de Dieu , les glaces se rompraient et pour-
raient passer sous le pont sans l'offenser ; qu'avant d'aceueilliir
sa proposition , MM. du Consulat firent appeler le P. Valadier,
jésuite , pour s'éclaircir s'il y avait magie dans son secret, et
s'ils pourraient l'éprouver, la conscience sauve ; qu'ayant déclaré
qu'il n'y avait, ni magie, ni enchantement, il fut convenu en
 présence du P. Valadier qu'au lieu de §00 écus qu'il demandait,
 on ne lui en donnerait que 200; mais qu'il aurait en outre une
«place de commis aux portes de la ville , aux gages de 18 fr. par
 mois ; qu'après la réussite de l'opération qui; avait commencé
 le 10 février et qui avait été renouvelée pendant trois jours , ayant
 demandé son payement, on ne lui donna que 80 écus, et que
 quand il voulut insister pour avoir le surplus, on le constitua
 prisonnier afin de l'intimider, mais que n'ayant pu le convaincre
 d'avoir usé de mauvais artifices dans son opération, on se vit
 obligé de l'élargir. Besson termine sa requête en demandant
 qu'il lui soit permis de faire appeler le Prévôt des Marchands et
 les Echevins devant MM. les officiers de la Sénéchaussée , aux
 fins de répondre avec serment sur toutes ces circonstances, et se
 voir condamnés à effetcuer leur promesse;-
   Messieurs du Consulat ripostèrent par une requête tendante à
obtenir aussi l'interrogatoire de Besson sur faits et articles. Ils
voulaient qu'on lui demandât si, à l'entour des feux qu'il avait
allumés , il n'avait pas fait des cernes, et combien ? s'il n'avait
pas une baguette h la main, et de quel bois? si, les feux allu-