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la nuit. — Moi, faire préparer du punch au rhum beaucoup, dit
M. Trempolod enchanté. — Le punch au rhum ne peut rien gâter
et il sera accepté avec plaisir.
Sur ce M. Trempolod et ses d a m e s , nous donnèrent un bonsoir
britannique où perçait la joie de leur heureuse rencontre, et nous
les vîmes bientôt traversser la cour en procession et s'éloigner
de l'hôtel.
J'étais stupéfié et l'abbé n'en croyait ni ses oreilles ni ses yeux.
L'artiste qui avait accompagné son monde jusqu'au bas de l'es-
calier avec un luxe de politesse effréné s revint à n o u s , se ser-
rant les flancs et pouffant de rire. —Parole d'honneur! lui dis-je,
vous m'avez médusé ? — Couchez-vous ce soir ici, répondit-il. —
Je vais coucher à Bex. — Du t o u t , du t o u t , vous coucherez ici.
— Impossible. — Vous y perdrez , foi d'honnête homme , vous y
perdrez ! je vous aurais fait faire la connaissance de François. —
Ah! ç a , m a i s , mon cher, vous ne me prenez pas pour Mon-
sieur Trempolod , j'imagine ? — Vous ne comprenez pas ? — En
aucune façon. — Vous allez comprendre : j'ai rejoint à Martigny
un mien camarade dont je m'étais séparé à Genève. Ami d'enfance
et d'atelier , un second moi-même ; artiste fini et le premier
farceur
De Paris au Pérou, du Japon jusqu'à Rome ;
Un gaillard qui mangerait son père à la barigoule ! — Je l'ai laissé
à deux pus, achevant un croquis. En cinq minutes, il saura son rôle ;
et enavantle punch de la Grande-Bretagne !—Saisissez-vous, main-
tenant? — Ces t par trop fort de café, mon cher ! Véritablement, il
y a conscience, et pour rien au m o n d e , je ne voudrais être votre
complice. Et si demain la Grande-Bretagne vient à découvrir .
^ - D e m a i n ? nous serons au St-Bernard avant qu'elle se soit bien
frotté les yeux. Une fois, deux fois , vous ne voulez pas être des
nôtres ? — Ne comptez pas sur moi. — Et v o u s , l'abbé.—( L'abbé
secoua la tête. Je crois vraiment qu'il tremblait et qu'il se signa.)
— Oh ! monsieur, répondit-il, je ne suis pas artiste. — Dommage !
l'abbé, dommage! vous me faisiez pourtant l'effet d'un farceur
conditionné. Voyons; soyez la veuve Mona , la veuve à Guil-
laume? — je me charge de votre toilette?
Le pauvre jeune homme recula de trois pas et se plaça der-