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?7: £58 Le peintre Autreau fut celui-de tous les personnages nommés dans ces couplets , qui eul le courage de relever le gant. Blessé à fond, il se hâta de prendre la plume, et il lança contre Rous- seau une chanson dans le genre de ces complaintes qui se chan- taient d'ordinaire sur le Pont-Neuf, aux jours de grandes exécu- tions criminelles. Cette pièce , qui fit la plus vive peine à Rous- seau, est peu connue aujourd'hui : nous la transcrivons ici toute entière. Or, écoutez petits et grands, L'histoire d'un ingrat enfant, Fils d'un cordonnier, honnête homme,. Et vous allez apprendre comme Le diable , pour punition , Le prit en sa possession. Ce fut un beau jour, à midi, Que sa mère au monde le mit; Sa naissance est assez publique, Car il naquit dans la boutique, Dieu ne voulant qu'il pût nier Qu'il était Gis d'un cordonnier. Le père, n'ayant qu'un enfant, L'éleva très-soigneusement : Aimant ce fils d'un amour tendre , Au collège il lui fit apprendre Le latin comme un grand seigneur, Tant qu'il lé savait tout par cœur. Â peine eut-il atteint quinze ans, Qu'il renia tous ses pareils; 11 fut en Suéde , en Angleterre , Pour éviter monsieur son père ; Plus traître, plus ingrat, hélas , Que ne fut le Rousseau Judas ! Pour s'introduire auprès des grands , Fit le flatteur, le chien couchant; Mais, par permission divine , Il fut reconnu à la mine, Et chacun disait, en tous lieu^ : ,, Que ce flatteur est ennuyeux! El pour faire le bel esprit,