Revue du Lyonnais » série 1 - n°1 ( 1835 ) » pp.199

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 accusait Hérode d'avoir conspiré jadis avec Séjean contre Tibère,
 et défavoriser le parti d'Artabase, roi des Parthes, qui armait
 contre l'empire de Rome ;
    13° Que le luxe d'Hérode , et l'arsenal qu'il avait fait construire
 et où il avait de quoi armer et équiper 70,000 hommes , étaient
 une preuve suffisante de ses intentions hostiles ;
    14° Caligula, dis-je , fut fort troublé de ces nouvelles ; il fit ve-
nir sur-le-champ Hérode, et lui demanda s'il était vrai qu'il eût
un arsenal aussi magnifique qu'on le disait. Hérode en fit l'aveu.
   L'empereur, sans de plus longues informations, pensa que la fé-
lonie d'Hérode était assez prouvée; il luiôta sur-le-champ satétrar-
chiequ'il réunit au royaume d'Agrippa, à qui il donna aussi toutes
les richesses d'Hérode pour le récompenser de sa dénonciation.
Il condamna ce dernier à un bannissement p e r p é t u e l , et il lui
donna ordre de se rendre à Lyon ( L u g d u n u m ) , ville des Gaules;
   15° Ayant appris ensuite que Hérodiade était sœur d'Agrippa^
il consentit à lui laisser la fortune de son mari , pensant qu'elle
ne l'accompagnerait pas dans son exil ; et à ces conditions, il
promit de lui pardonner pour l'amour de son frère Agrippa ;
   16° Mais Hérodiade dit à Caligula : « Prince , je vous remercie
« de votre générosité magnanime, mais l'amour que je porte à
« mon époux ne me permet pas de l'accepter ; il ne me semble
« point juste d'abandonner dans l'adversité celui qui m e fut cher
« dans des temps prospères. »
   17° L ' e m p e r e u r , furieux de voir tant de courage et de gran-
deur d'ame dans une femme, la fit chasser de son palais, et donna
tous les biens d'Hérode à Agrippa.
   18° Telle fut la vengeance divine qui tomba sur Hérodiade,
pour avoir envié la fortune de son propre frère , et sur Hérode
qui s'était montré trop faible et trop facile à céder aux insti-
gations ambitieuses de sa femme.
   Dion Cassius, hist. r o m . lib. XLVIII cite le même fait en ces
peu de mots : Hérode de Palestine, accusé par ses frères, fut exilé
au-delà des Alpes, l'an 759 de Rome , sous le consnlat de Lepi-
dus et de L. Aruntius.
                                                      OZANAM.