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 renommé en merveilleuses expertises et faits d ' a r m e s , et en
 grande courtoisie auprès des datnoiselles ; un héraut d'armes le
 précédait; et l u i , il s'inclina devant les d a m e s , et il baisa la main
 de sa noble mère : lors tous les troubadours et les poètes instruits
 en la gaie science s'écrièrent : « Soit loué et honoré Philippe I I ,
 notre bon m a î t r e , duc de Bresse et de Savoie... » Et déjà il était
bien loin ; son beau cheval dévorait la terre ; il bondissait comme
 l'écureuil sur la tige élevée ; il franchissait haies et fossés, et
 laissait bien derrière lui les brillantes cavalcades des belles da-
 moiselles. Elles , elles le regardaient toutes , applaudissant à sa
dextérité. Il en était une surtout qui le voyait avec orgueil, et qui
 cependant tremblait : c'était sa belle fiancée Marguerite de Bour-
 bon ; elle l'aimait d'un si tendre amour ! Elle ne rêvait que de
 lui.
    Son fougueux destrier l'emportait dans la p l a i n e , il allait, il
 allait aussi vite que l'imagination d'une jeune fille, q u i , dans son
 couvent, rêve amour et bonheur ; aussi vite que la sorcière q u i ,
 sur son manche à b a l a i , va ourdir au sabbat la trame diabolique :
 il allait toujours, toujours, mais il commençait à succomber à la
 fatigue -, son jarret ployait sous son corps, et son encolure ne se
 redressait plus sous la main qui le flattait. Enfin il décrivit dans
 le vallon une courbe immense...
    Bientôt le son des cors le rappela au rendez-vous de la chasse...
 Il y revint haletant ; mais il était tout seul : son noble maître où
 était-il donc ?
    Où est-il monbien-aimé époux? s'écria toute craintive Margue-
 rite de Bourbon.
    Où est-il le preux et loyal chevalier? s'écrièrent tous les che-
valiers inquiets.
    Où est-il le beau servant d'amour? sa fiancée le demande , s'é-
 crièrent les troubadours.
    Où est-il notre bon maître à tous ? dirent les serfs q u i , par cu-
riosité^ avaient suivi la chasse.
    Or sus, beaux sires, sans tant l a r m o y e r , dit le fidèle Alain de
Chartres , il nous faut courir à travers glaines pour savoir en quel
lieu gît notre bon maître.
    Allons !