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                                     Si
  souffre , mes nerfs sont dans un état. . . je reviens de Paris. . . lis
  sont jeunes, les chevaux, presse-les et qu'ils aillent! . . . les s e -
  cousses, les commotions, c'est de la vie ; on m'a t u é , et j'ai b e -
  soin de vivre !
     Il revenait de Paris. . . Il y allait, six mois auparavant, plein
  d'espérances ,.rêvant des succès , le bonheur , une c o u r o n n e . . .
  une couronne de lauriers , les autres sont trop pesantes. Il se sou-
  venait d'un homme qui en avait une d'or; iîen voulut encore une
 de fer ; c'était trop, il ploya dessous , et pourtant, quel Alcide !
 Il n'en rêvera plus.
    Comme ils ont pris à lâche de le dégoûter ! Pauvre fou , qu'al-
 •*ait-il faire là? avait-il l'épine dorsale assez flexible, le jarret assez
 raide ? Comme ils l'ont traité ! il était heureux , considéré même
 dans sa province ; il faisait des chansons que le peuple avait
 prises pour refrain dans ses aleîiers et dans ses jours de fête. Ce
 bon peuple, il l'applaudissait au théâtre., il achetait ses ouvrages;
 elles journalistes donc ! il était leur ami ; tous , ils faisaient son
 éloge ! ils le saluaient en passant ; un jour de première représen-
 tation, ils lui pressaient la main. . . Certes, en province, c'est-là
 du succès , de la considération !
    Quel est l'imprudent qui le premier lui dit : vas à Paris , tu
 réussiras ! méchant, que t'avait-il donc fait! lu lui en voulais donc
 bien ! Si tu savais comme ils l'ont reçu !
   Il avait fait un poème contre le ministère , certes l'occasion
 était bonne , le sujet bien choisi. Il le présente au libraire chez le-
 quel il était venu à pied , ignorant qu'un cabriolet est une pre-
 mière et indispensable recommandation.
   L E LIBRAIRE : Que voulez-vous de cela ?
   L u i : Ce que vous voudrez.
   Rien. — Y pensez-vous ? — Vous commencez. — Que dites-
vous donc ! tout le monde me connaît. — Où ? — Au chef-lieu.
—En province !... C'est à refaire, mon ami... Vous avez de l'ima-
gination^ de la facilité, de l'esprit.... beaucoup d'esprit.... —•
Monsieur,... —Vous êtes jeune.. — C'est le plus beau d é m o n his-
toire. — Je veux vous encourager. — Que de bonté ! — J'imprime
votre ouvrage à mes frais , et je vous donne trente exemplaires.
— Quoi ! monsieur., rien que cela !... — Voyez ailleurs. - Non >