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gririthites , l'ancienne population de la province devait être un mé-
lange bizarre de Romains, de Gaulois, de Bourguignons et de
Goths. On peut s'en faire une idée par le tableau satirique qu'en
a tracé le poète Sidoine Apollinaire , contemporain de ces événè-
nemens, dans une pièce adressée à V. C. Catullinus : « Vous vou-
lez , lui écrit-il, que je compose des vers pour vos noces ? Hélas !
je ne saurais. Comment pourrais-je faire des vers de six pieds au
milieu de géans qui en ont sept et qui sont devenus nos maîtres ?
Pensez-vous que je puisse rien faire d'élégant parmi des soldats
qui ont une longue chevelure imprégnée de beurre aigre, et qui
parlent le germain que je ne comprends pas? Peut-on chanter
quand on a le visage et l'ame tristes? Que vos yeux sont heureux
de ne pas voir des gens semblables, et vos oreilles de ne pas les
entendre! Heureux surtout votre nez de n'être pas forcé de sentir
ces hommes puans, qui mangent par jour dix bottes d'aulx et d'oi-
gnons! Quelle muse se ferait comprendre au travers du bruit que
 font ces ivrognes toujours criant pour égayer leurs débauches ? De
 tels dominateurs, comme vous le pensez, mettent de terribles
 obstacles au désir qu'on aurait d'être joyeux. Mais je m'arrête de
peur qu'on ne prenne encore ceci pour une satire et qu'on ne me
 dénonce aux Bourguignons. >    •
    Vers l'an 534^ les enfans de Clovis déclarèrent la guerre à Godo-
 mar, dernièrroi de la race des Bourguignons, le vainquirent et
 s'emparèrent de son royaume. Gildebert, roi de Paris , devint
 maître du Lyonnais. La province fut d'abord érigée en duché et
 donnée en apanage à Drogon, fils d'un des maires du palais : mais
 bientôt Pepin-le-Bref et Charlemagne, rétablirent l'ancien royau-
me de Bourgogne, qui subsista annexé au royaume des Francs^
jusqu'en 845, époque où il fut partagé entre le fils de LoUis4ë-
Débonnaire. Le Lyonnais et le Beaujolais suivirent lé sort du
grand état dont ils faisaient partie. Deux siècles après , en 1047,
les seigneurs bourguignons secouèrent le joug des empereurs ; à
leur exemple, lès sires de Beaujeu s'approprièrent le Beaujolais,
et les archevêques de Lyon la souveraineté temporelle dû Lyon-
nais. Les lois romaines et la coutume de Bourgogne, qui avaient
jusqu'alors régi la province, furent abrogées pour faire place à
un code tellement arbitraire et vexatôire., que les Lyonnais pri-