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65 les résultats les plus heureux, et l'établissement des sourds-muets de Lyon peut bien passer pour le premier en ce genre. M. Comberry, à force d'études et de méditations, avait rempli des lacunes immenses. Sourd-muet" lui-même, il pou- vait sentir plus que tout autre, quel mode d'enseignement convenait le mieux à ces intelligences disgraciées de la nature. Aussi lui doit-on des procédés, bien simples du reste , mais qui rendent plus net et plus tranché le langage des signes. Ces mots, par exemple : ESPRIT , IMAGINATION , etc , se traduisent en portant la main au front ; il fallait donc établir une différence entre ces mots, entre les signesextérieurs qui les expriment, et c'est ce que M. Comberry a su faire. Ce qu'ily avait d'admirable en cet homme , c'était son tendre dévouement à ses élèves; il en élevait plusieurs à ses frais. La bonté de son ame se trahissait par l'ex- pression de sa physionomie , par ces épanchemens de cœur qui le révélaient tout entier, et de prime abord. C'est une mort semblable à celle de M. Vuillerme qui est venue l'enlever, le 26 novembre, à sa femme et à sa jeune fille. De nombreux amis, des officiers de la garnison , des personnes qui n'avaient pas même connu de prèsM. Comberry, suivaient son convoi, en déplorant une mort aussi prématurée ; M. Comberry n'avait que quarante-deux ans ! Il y avait quelque chose de poignant dans les larmes que répandaient ses élèves et ses amis, dans la douleur profonde de M. l'abbé Plasson, son digne collaborateur. Toutefois, la grande perte que vient de faire l'institution des sourds-muets ne saurait porter atteinte à la stabilité et au succès d'un établissement pour lequel tout le monde forme des vœux. M. l'abbé Plasson va continuer aux élèves des soins paternels et un dévouement affectueux. Le nouveau directeur partageait depuis plusieurs années les travaux de M. Comberry ; appelé à lui succéder, il continuera son œuvre sur les mêmes bases, d'après les mêmes principes, et nous ne crai- gnons pas de le dire, avec la même habileté. Ceux qui ont pu voir de près le nouveau directeur, ceux qui connaissent les qualités de son ame et de son cœur, peuvent dire que l'établissement des Sourds-Muets continuera de prospérer en des mains aussi sages et aussi habiles que celles de ce digne ecclésiastique. F. Z . CotLOMBKT. VUILLERME. M. François-Marie Vuillerme était né à Lyon, dans le quartier St-Clair, d'ouvriers en soie, qui jouissaient pourtant d'une modeste aisance. Le jeune Vuillerme fit de bonnes études, et se destina au ministère ecclésiastique. Il fut consacré prêtre en des jours sombres: et orageux encore; l'église avait de grandes ruines à relever. M. Vuillerme fut digne de la mission sacrée qu'il venait de prendre; il catéchisa