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317 achever de mourir. Vers luisant qui passe , il a jeté un peu d'é- clat avant de s'éteindre ; son agonie a été longue et douloureuse ; il se sentait mourir. Ecoutez-le chanter : L'hiver fuit, et déjà la nature embellie Sourit au doux soleil qui la voit refleurir ; L'hirondelle au sein blanc , de crainte poursuivie , Revient à l'humble toit où l'amour la convie. Du concert des oiseaux l'écho va retentir, Les bois vont se parer, la rose va s'ouvrir, Nature, amour, plaisir, tout va reprendre vie, Et moi je vais mourir!. Gomme l'éclair qui fuit, comme une ombre éclipsée, J'ai passé sur le fleuve où tout vient s'engloutir.... J'ai passé.... j'ai vécu.... ma nacelle est brisée, Brisée.... et sur les flots sa trace est effacée ; Sur mon triste chevet la mort vient s'accroupir.... Voyez-la s'abreuver de mon dernier soupir, Et faner dans sa maiu ma couronne effeuillée.... Adieu, je vais mourir! Romances et couplets politiques, le poète a tout effleuré; il s'est essayé sur toutes les cordes de sa lyre. h'Apparition est une chanson pleine de grâce et de sentiment ; l'auteur a revu en rêve tout ce qui lui est cher, tout ce qu'il aime, sa mère, sa maîtresse, ses amis, tout ce qui l'empêche de déployer ses ailes et de pren- dre son vol vers les cieux ; aussi s'écrie-t-il avec transport : Ombre, entends-tu ? c'est la voix de Julie, Va-t'en, va-t'en , laisse-moi vivre encore ! Mais de tous les morceaux renfermés dans l'ouvrage que les amis de Jannot ont fait imprimer après sa mort, et dont le produit servira à lui élever un monument (1), le meilleur est celui qu'il adresse à M. de Moyria, poète aussi, mais poète riche, heureux. Je ne le déflorerai pas en en donnant quelques stances ; ce mor- ceau a besoin d'être lu en entier. Quoique l'ouvrage de Philippe Jannot ait été publié à Bourg, Lyon s'emparera de lui et le comptera parmi ses hommes de lettres dont il jette les noms à la capitale, en criant : décentrali- (1) Un vol. chez Bottier, libraire , à Paris, prix : 1 f.