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                                       8
décentralisation. Il faut la mettre en action et non en
de vaines paroles. Or donc, comme nous avons pour
habitude de nous taire quand il y a pour nous profit à
écouter, nous vous livrons, tel quel, le double aveu que
fit en faveur de la presse départementale l'Europe Lit-
téraire du mois d'avril 1833. C'est un organe dont per-
sonne ne suspectera la bonne foi et ne repoussera le
véridique témoignage.


                    MOUVEMENT LITTÉRAIRE BANS LES PROVINCES.




   Nous n'aurons une littérature nationale que le jour où Paris
aura cessé d'être le centre exclusif de la vie littéraire en France.
Jusqu'ici notre grande ville, dans sa voracité de monopole et
de centralisation, a été plutôt la ville unique que la ville capi-
tale. I c i , toutes les publications importantes, tous les-journaux
qui donnent l'impulsion ; i c i , la m o d e , le g é n i e , la g l o i r e , le
pouvoir : aux provinces, l'imitation et l'obéissance. On a suffisam-
ment disserté sur les avantages et les inconvéniens de cette con-
centration des forces et de l'activité sociale. Ce qui est clair,
c'est que depuis plusieurs siècles le mouvement de la population
s'est dirigé naturellement vers Paris , et que ce point du territoire
a été comme le noyau de formation de l'unité nationale. Ce qui
est aussi c l a i r , c'est qu'aujourd'hui les provinces commencent
un mouvement inverse.
   Cette marche des choses est très-facile à expliquer historique-
ment. Il fallait d'abord un centre, foyer énergique et immense,
pour accumuler les forces ; mais au moment où la tête va empor-
ter le corps , une réaction vers les extrémités était nécessaire, et
la voilà qui se manifeste dans le Midi, dans l'Ouest, vers le Rhin,
vers le Rhône, aux confins de la Belgique , mais pleine de m e -
sure , sans hostilité, et en dehors de tout esprit étroit de localité,
de tout orgueil de village. On ne veut p l u s , il est v r a i , d'un
gouffre qui attire tout à lui pour tout confondre et tout absorber ;