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 prises sous cette dénomination unique. Le susdit messager
 ajoute qu'ils devaient abandonner à tout jamais et céder de suite
 leurs terres, maisons, rentes, etc., aux soudards de messire des
 Adrets. Ce fut l'an de grâce 1562 que le terrible baron se permit
 cette demande indiscrète. Les bénédictins y répondirent qu'ils
 resteraient où ils étaient, préférant leur délicieuse vallée à tout
 autre séjour et leurs bonnes rentes à des aumônes incertaines.
   Voyant que les moines ne se dérangeaient pas , le baron se
 prit à rire, le farouche, et à gorge déployée. Il s'était, il faut
le dire, remis un peu de la rage que lui avait causée sa dernière
défaite devant Donzère. Les femmes y avaient défendu leurs murs
 à coup de pierres ^ pendant que leurs maris en armes ^ atta-
 quaient par derrière le chef des huguenots soulevés du midi. De
graves échecs avaient éprouvé aussi son peu de patience devant
Carpantras., qu'il quitta après cinq à six jours d'un siège inutile,
dans la nuit du trois au quatre août 1562. Il crut pourtant pou-
voir se permettre un peu de gaîté à l'égard de dix ou douze
pauvres moines qui tenaient à leurs vieilles habitudes ; d'ail-
leurs n'avait-il pas fait pendre quelques centaines de catholiques
aux chênes verts de l'Aiguë et de l'Ouveze^ pour retrouver,
disait-il., son chemin comme le petit Poucet, si jamais il était
forcé de rétrograder; et tout récemment encore après avoir pris
Mornas, n'en avait-il pas fait sauter toute la garnison dans le
Rhône de cinq à six cents pieds de hauteur^ sauf ce pauvre diable
qu'une heureuse" répartie sauva du sort d'Icare. Le baron était
parfois porté aux facéties. Il en imagina donc encore une pour
se moquer des braves bénédictins , avant de recourir aux mesu-
res de rigueur.
   Un vieil âne pelé , pantois,, l'oreille basse, leur fut envoyé
sans délai. On y joignit un deuxième messager chargé de de-
mander la prompte évacuation du couvent. Si les bons pères
avaient connu l'humeur habituelle du farouche calviniste, ils
n'auraient pas manqué, sans doute, de céder à ses caprices, et
de faire bon accueil à l'un et à l'autre courrier. Mais ils crurent
devoir tenir conseil avant tout. Us y résolurent de refuser nette-
ment l'entrée de la vallée. Et en vérité avaient-ils donc si grand
tort!.--- On attaque gaîment une redoute à la baïonnette , quoi-