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462 La porte Saint-Marcel, arc de triomphe d'une belle conserva- tion ^ et peu connu pourtant, s'ouvre au sud-est de la ville. Elle est extérieurement flanquée de deux grosses tours rondes. Le dessous de l'ouverture est orné de caissons et de rosaces. Des pilastres élégans ont survécu aux ornemens plus délicats. C'est encore un beau monument. De tous les connaisseurs ez-anti- quailles, il n'en est pas deux qui aient la même opinion sur son origine. Les uns l'attribuent à Domilius OEnobarbus, pour avoir vaincu les Saltuviens ; d'autres à Fabius Maximus, pour avoir battu le roi d'Auvergne Bituitus ; d'autres à Marins , d'autres au prêteur Pontinius qui vainquit les Allobroges dans Saillans. Quel- ques-uns l'assignent au règne d'Auguste ; les derniers enfin à l'empereur Constance, pour la victoire qu'il remporta, vers 353, sur Magnence h la Bâtie Mont Salléon (nions Seleucus). La pluie m'avait forcé de m'occuper à ces discussions intéres- santes , mais le premier rayon de soleil qui perça les nues, me trouva prêt à m'élancer dans les montagnes. Je laissai là la sta- tistique de M. Delacroix, les opuscules de M. Martin, le diction- naire celtique de M. Bullet, et je partis le sac sur le dos, pour l'abbaye du "Val-Croissant, qui dort solitaire dans un vallon sau- vage, à une lieue ou deux de la ville. 0 la belle et bonne vie que menaient là les heureux bénédic- tins dauphinois ! Quel délicieux mélange c'était, de repos, de travail, de savantes inquiétudes, de soporescentes insouciances; peu de gêne dans les statuts de l'ordre, des voisins aimables , de larges et frais caveaux, de longues et précieuses bibliothè- ques , des estomacs complaisans ! A toi, moine paresseux le doux far niente de la cellule, après l'office où l'on bâille et où l'on ronfle plus haut que l'orgue; à toi des coussins moelleux et épais, de chauds tapis, des lits douillets, un bon feu et de larges pantoufles! A vous, maître dégustateur, de longues séances au ré- fectoire, entremêlées de petits essais gastronomiques dans l'inco- gnito de la cheminée privée; un doux sommeil après chaque repas et nulle crainte des gastrites. Pour- vous la flamme pénètre et dore les hôtes sauvages des bois et des rochers. A votre croc pendent, sans cesse renouvelés, le chamois, la gelinotte, la bartavelle, le tourdre et le faisan. Pour vous encore l'ours en-