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396 Au s u r p l u s , messieurs, j'entendis dans le temps des connais- seurs, car je ne le suis p a s , qui prétendaient que si ce bon Père eût été plus éclairé dans la science lapidaire, l'inscription , les médailles, le lieu devaient le mettre en garde contre toute sur- prise. Ces critiques s'appuyaient d'abord sur la position plus que singulière de l'inscription, qui aurait r e n d u , en effet, ce monu- ment unique ; les inscriptions, les épitaphes s'étant toujours gra- vées sur les t o m b e a u x , les colonnes., etc., jamais sur les urnes. Ils n'ignoraient point que presque tous les dieux et Jules César m ê m e , avaient à R o m e , des prêtres nommés Flammes : Flamen, Dialis, Salurnalis, Martialis, etc., mais ils ne croyaient pas qu'on ait donné ce t i l r e à aucun prêtre du temple d'Auguste, bâti à Lyon : ils ne s'en rappelaient pas d'exemples. Le mot olla était bien p r o p r e , disaient-ils, à faire naître des violens soupçons, 1° à cause de son orthographe. On lirait aulam et non pas ollam, si l'inscription était du temps de Tibère, de Claude, de Calligula, les romains se servant peu alors de lettres doubles ; 2° parce que l'espèce d'urne désignée par ce m o t , était un méchant pot de t e r r e , une mauvaise m a r m i t e , à l'usage seulement des plus pau- vres de la populace. Olla , dit Gruter, eral sepulcrum plebis et pau- perum, ils ne jugeaient donc pas que l'inscription respira le bon goût de ce siècle fameux , qui ne saurait exister sans la pro- p r i é t é , la justesse des expressions. Les médailles mises parmi les cendres , pouvaient e n c o r e , selon eux, augmenter les soupçons : elles n'étaient que de moyen bronze , c'est-à -dire infiniment com- munes ; et l'on en aurait trouvé d'or, d'argent, au moins de grand bronze , vraiment rare , si l'urne eut réellement contenu les cen- dres du principal prêtre du temple d'Auguste, qui devait être un personnage. Enfin , le lieu où l'on prétendait avoir fait cette dé- couverte , ne pouvait qu'occasionner des doutes , puisque le tem- p l e , les bà timens qui en dépendaient, le bois sacré, occupaient toute la pointe de la presqu'île, située au confluent du Rhône et de la Saône, et que chez les païens on n'inhumait, même les prêtres, ni dans les temples, ni dans leur p o u r t o u r , ni sur leur terrein. « Voilà , messieurs, ce que j'avais à vous révéler , et ce que je vous prie d'insérer dans votre premier j o u r n a l , très-persuadé que vous pensez comme m o i , que le faux doit être attaqué partout où