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 géométrie, et il s'élonne qu'on ait pu lui attribuer des couplets
 du genre de ceux qui sont l'objet du procès. Pour mieux prouver
 qu'il n'en est pas l'auteur, il convient bien qu'il a fait quelques
vers dans sa jeunesse ; mais il se hâte de dire qu'il n'a pas cultivé
 ces dispositions^ et que les vers qui ont pu lui échapper sont
loin de soutenir la comparaison avec ceux qu'on veut lui attri-
buer : ils se répand alors en éloges démesurés sur le mérite des
couplets, considérés sous le rapport du talent poétique ; il y
trouve une verve , une imagination , un art enfin dont il se re-
connaît tout-à-fait incapable.
    Si le mémoire de Saurin n'est pas celui d'un roué., d'un homme
 sans conscience qui se fait des armes de tout pour assurer son
 triomphe , que faudra-t-il donc penser du mémoire de Rousseau >              '
    « Je ne combattrai point i c i , dit-il, l'illusion par l'illusion.
 « J'abandonne de bon cœur à mon ennemi tout l'avantage qu'il
 « peut tirer des secours d'une éloquence artificieuse ; je me ren-
 « ferme uniquement dans les faits prouvés au procès , et dans les
  « conséquences qui naissent naturellement de la preuve de ces
 « mêmes faits, »
    Effectivement, toute l'argumentation de Rousseau a pour base
 unique les faits consignés au procès : il ne va point fouiller dans
 la vie de son adversaire ; il ne s'occupe ni de son caractère, ni
 de ses mœurs , regardant cette tactique aussi fausse qu'odieuse
 comme étant la ressource ordinaire des gens injustes et manquant
 de bonnes raisons , des sophistes qui cherchent à éblouir les es-
 prits faibles et à les gagner à leur s e n t i m e n t , tout en les précipi-
 tant dans l'erreur.
    Rousseau procède d'une manière à la fois plus simple et plus
vraie : il démontre que le décroteur a reçu le paquet du savetier,
et que celui-ci le tenait de Saurin lui-même ; que la copie trouvée
dans le tiroir de la table du cabinet de Saurin, est en plusieurs
endroits, chargée de renvois et de ratures, et que ces ratures et
renvois ne peuvent être l'effet de la distraction , comme le sou-
tient Saurin contre toute espèce de vraisemblance ; que les cou-
pletsj, si pompeusement exaltés par Saurin , ne sont réellement
remarquables que par les vices du langage , les constructions for-
cées , les fautes de quantité, les rencontres de voyelles, les gas-