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367 de son adversaire, et la prétendue subornation du savetier, qu'il fut impossible de prendre des conclusions contre lui; enfin, c'est que Rousseau, qui n'avait pas pour lui le préjuge public, fut assez mal conseillé pour accuser Saurin d'être non-seulement le distri- buteur, mais encore l'auteur des couplets, ce qui était douteux i aussi, cette partie de l'accusation fut-elle refutée par Saurin avec de grands avantages. Son innocence étant déclarée , Saurin attaqua le savetier qui futcondamné à trois ans debannissement dans la banlieue de Paris. D'un autre côté, la cabale puissante qui soutenait Saurin , ayant mis tout en œuvre auprès de Daguesseau, procureur-général, pour le déterminera se porter partie contre Rousseau, elle eut le triste bonheur de réussir (1). Poursuivi comme auteur et distributeur de vers impurs, satiri- ques et diffamatoires, comme auteur de mauvaises pratiques em- ployées pour faire réussir l'accusation calomnieuse intentée par lui contre Saurin, Rousseau, prévoyant le sort qui l'attendait, prit le parti de s'exiler lui-même. Dès les premiers jours d'avril 1711, il quitta Paris et il se retira à Soleure, où M. le comte du Luc, ambassadeur de France en Suisse, lui fit la plus amicale des ré- ceptions. Pendant son absence, Rousseau fut jugé et condamné, par arrêt du Parlement, en date du 7 avril 1712, à être banni à perpétuité du royaume, et il lui fut impossible de faire purger sa contumace (2). (1) À la tête de cette cabale était l'abbé Bignon , fondateur du Journal des sa- vans, et contre lequel Rousseau avait fait l'épigramme qui commence par ces vers : Chrysologue toujours opine, C'est le vrai grec de juvenal ; Tout ouvrage, toute doctrine Ressortit à son tribunal. (2) L'auteur des Querelles littéraires fait, en parlant du jugement rendu contre Rousseau, la singulière observation qui suit ; « Pour que le jugement porté contre Rousseau soit juste, ne suffit-il pas « qu'accusateur de Saurin, il n'ait pu prouver son accusation ? Si Arflould f u t