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    des couplets fut en effet trouvée dans le tiroir de la table du cabi-
    n e t , comme l'avait indiqué le savetier ;
       6° Cette copie, écrite de la main m ê m e de Saurin, r'âturée,
   chargée de corrections et de renvois, entièrement conforme à
   celle da bijoutier Malafaire, offrait tous les caractères d'un ori-
   ginal ;
       7° Dans les copies de Saurin et de Malafaire, le premier vers
   du neuvième couplet se lisait ainsi : Jeté vois , 6 bénet Danchet !
   Dans la copie de Boindin, au contraire, on lisait : Je te vois , in-
   nocent Danchet ; ce qui prouvait assez évidemment que la copie
   de Malafaire n'avait pas été prise sur celle de Boindin, pas plus
   que celle de Saurin ne l'avait été;
      8° Interrogé si la copie trouvée chez lui avait été prise sur celle
  de Boindin ou sur celle de Malafaire, Saurin répondit qu'il ne se
  le rappelait p a s , qu'il croyait cependant l'avoir prise sur celle
  de Boindin ;
      9» Dans la copie de Boindin, les quatorze couplets se suivaient
  tous, sans coupure et sans renvois : dans la copie trouvée chez
  Saurin, un de ces couplets était ajouté après coup, et comme par
  réflexion ; on remarquait de p l u s , que deux renvois différens cou-
 paient, par la moitié, le couplet ajouté et un autre couplet, afin
 de pouvoir donner un nouveau commencement à l'ancienne fin
 de l'un, et une nouvelle fin à l'ancien commencement de l'autre ;
     10° Les deux couplets mutilés étaient justement ceux qui con-
 cernaient Saurin, et leur mutilation offrait la preuve de l'embar-
 ras où l'on avait été de savoir de quelle manière on parlerait de
 lui.
     Comment donc a-t-il pu se faire q u e , malgré tant de preuves
 matérielles, Saurin ait été déchargé de l'accusation avec dépens.,
 dommages et intérêts? C'est que l'avocat Béroyer, conseil de Rous-
seau, eut la sottise de compter le savetier et le décroteur pour
deux témoins, pendant qu'il n'y en avait réellement qu'un s e u l ,
le savetier; c'est que l'exempt Mile t, tout habile qu'il passait dans
l'esprit de M. d'Argenson, e m p l o y a , pour obtenir la vérité du
savetier, des moyens qui ressemblaient très-fort à ceux dont on
aurait pu se servir pour le suborner ; c'est que Saurin , qui n'était
pas un maladroit, fit valoir avec tant d'art le défaut de preuves