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remit le paquet au décroteur , et dont celui-ci avait donné une
exacte description, six mois auparavant.
   Rousseau, ne doutant plus que ce ne fût Saurin qui avait en-
voyé les Couplets, s'adresse à M. d'Argenson, et le prie de vouloir
bien le guider dans cette affaire. M. d'Argenson donne a l o r s , à
Rousseau, un exempt de robe courte, nommé Milgt, dont l'a-
dresse et l'intelligence étaient depuis long-temps éprouvées, et il
lui conseille de tout faire pour tirer la vérité du savetier, avant
d'entamer une accusation contre Saurin.
   Ce ne fut qu'au bout de deux mois , et après avoir été tourné
et retourné de mille façons par l'exempt Milet, que le discret sa-
vetier convint enfin du fait, en présence de quatre ou cinq t é -
moins. Rousseau rend alors sa plainte et il obtient la permission
d'informer. Sur les charges et informations , le savetier est arrêté
et mis au Fortl'Evêque; il est interrogé le lendemain et confronté
au décroteur: par suite de cet interrogatoire et de cette confronta-
tion , Saurin est décrété de prise de c o r p s , arrêté chez l u i , con-
duit en prison au Châtelet, et le scellé est mis sur ses papiers. Le
même j o u r , Saurin est interrogé et confronté avec le savetier.
   De l'ensemble des interrogatoires , recollemens et confronta-
tions , lesquels sont du 24 septembre , des 10 , 1 4 , 17 , 23 et 24
octobre, des 4 , 8 et 26 novembre 1710, et qui accompagnent le
mémoire de Boindin , il résulte les faits suivans que n'ont pu dé-
truire ni les. dénégations de Saurin, ni les raisonnemens de Vol-
taire, dans son catalogue des écrivains célèbres du siècle de
Louis XIV.
    1° Le paquet avait été remis au décroteur par le savetier Guil-
 laume Arnould ;
    2° Guillaume Arnould tenait le paquet de Saurin-,
    3° Avant de remettre le paquet au savetier, Saurin lui avait
 fait lecture des couplets, et il lui avait dit qu'il en conservait une
 copie dans le tiroir de la table de son cabinet ;
    4° Appréhendant que l'habit du savetier ne le fît reconnaître,
 Saurin le lui avait fait quitter et lui avait donné un de ses vieux
 justaucorps noirs ;
     5° A la levée du scellé mis sur les papiers de Saurin, une copie