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359 Se mit à coucher par écrit, Des opéras, des comédies, Des chansons pleines d'infamies, Chantant des ordures en tous lieui, Contre les serviteurs de Dieu. Un jour , en honnête maison , Il se vernissait d'un faux nom, On l'honorait sans le connaître : Son père vient chausser le maître, S'écrie, en le voyant, mon fils! Aussitôt le coquin s'enfuit. Aussitôt, entra dans son corps , Le diable nommé Coitpletgor, Son poil devint roux, son œil louche , Il lui mit de travers la bouche, Et, de sa bouche de travers, Sortaient des crapauds et des vers. Un jour, chez monsieur Francinoîs, (1) Il y vomit, tout a la fois, Des serpensavec des vipères Tous couverts d'une bile noire , Et, chez monsieur l'abbé Piquant, (2) Il en a vomi tout autant. Vous, père et mère, honnêtes gens, A qui Dieu donne des enfans, Gardez-vous bien qu'il ne les approche, Vous en recevriez du reproche ; Il les rendrait, pour votre ennui, Tout aussi scélérats que lui. Or, prions le doux rédempteur Qu'il marque au front cet imposteur , Afin qu'on fuie ce détestable , Comme le précurseur du diable, Car Nostradamus a prédit Qu'il doit engendrer YAnte-Christ.. (1) M. Franclne , alors, directeur de l'Opéra , et contre lequel Rousseau a fait l'ingénieuse allégorie de l'Opt'ra de Naples. (2) L'abbé Pic, auteur de quelques opéras médiocres, et qui est l'objet de quelques-unes des épigrammes de Rousseau*