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341 Au port, chargé de biens , la pouvais, Despréaux . Jouir tranquillement du fruit de tes travaux : Cependant, loin de vivre à couvert de l'orage, Affrontant de nouveau le péril du naufrage, Tu vas, vieux marinier, briser contre, des bans Que ta muse évita dans ses plus jeunes ans. En vain, pour t'excuser, un ami peu sincère Allègue en ta faveur la vieillesse d'Homère : Chacun voit, au travers de son discours flatteur, Que sa bouche dément le secret de son cœur. En effet, comparer une satire fade Au poème qui cède à la seule Iliade , C'est vouloir se railler, ou , lâche complaisant, Egaler au soleil nu insecte luisant. Si le retour d'Ulysse a pour nous moins de charmes Que le courroux d'Achille et ses nobles faits .d'armes , S'ensuit-il donc qu'Homère ait fait, en ses vieux jours,- Un poème aussi froid que ton dernier discours ? Toute la satire de Gacon est sur ce ton modéré ; il faut croire que Boilcau ne s'en fâcha pas beaucoup , et que sa mauvaise hu- meur dut être bien plus grande à l'égard des sots louangeurs qui essayèrent d'assimiler sa faible satire au poème de l'Odyssée. Dans deux autres satires qui sont aux pages 27 et 31 des OEuvret du Poète sans fard, Gacon prend la défense de Boileau contre ses détracteurs; et si cette défense est mêlée de quelques critiques, du moins ne s'adressent-elles qu'à ce qu'il y a d'incomplet ou de mal choisidans les exemples cités par Boileau contre les femmes. On trouve dans les œuvres de Regnard une satire contre les Maris, que cet agréable auteur eut l'idée de composer par opposition au sentiment de Boileau. Il est bien certain que le poète Gacon a pris part à cette pièce ; mais elle e s t , d'un bout à l'autre , si p i - quante , tellement soutenue dans son d é v e l o p p e m e n t , que la part du rimeur lyonnais a dû être des plus légères. Cette satire est également imprimée dans les Œuvres du Poêle sans fard , et l'on peut bien dire qu'elle est la meilleure du recueil. Une des bêtes-noires de Gacon, et qu'il prenait souvent plaisir à p i q u e r , c'était l'avocat Marc Perrachon, né à Grenoble en 1630, d'unefamille originaire du Piémont. Cet avocat-poète, aussi e m - phatique dans ses plaidoyers que dans ses vers , avait été élevé