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 wei du Poète sans fard, il est impossible de ne pas reconnaître
 queGacon, tout hargneux qu'il était, savait pourtant se renfer-
mer dans les bornes d'une critique décente. La vérité est qu'il
 n'y a rien de violent, d'emporté, de scandaleux enfin dans ses
satires contre un banqueroutier , contre les faux dévots , contre
les partisans, contre les détracteurs de la poésie, et surtout des
poètes modernes. La satire contre Laurent Pégurier, auteur d'une
censure morale du théâtre, offre de la modération et du raisonne-
ment ; le passage que nous allons en citer en fournit une preuve
incontestable :

          Le théâtre, appuyé du pouvoir monarchique ,
           Redoute peu l'effort de ta fade critique t
          Et l'on verra toujours cet innocent plaisir
          Des plus honnêtes gens occuper le loisir.
         Jadis, quand il offrait d'infâmes caractères,
          Je sais qu'il attira la censure des Pères ;
          Alors, chez les romains, un acteur effronté
          Du discours à l'effet poussait l'impureté,
         Et, par un coup barbare, ensanglantant la scène,
         Donnait à tout le cirque une joie inhumaine ;
         Atrée y préparait un horrible festin,
         Et Médée y venait le poignard à la main ;
         L'un et l'autre, égorgeant d'innocentes victimes,
         A la fable ajoutaient de véritables crimes ;
         Alors, avec raison , dans leurs discours pieux,
         Les Pères défendaient ce spectacle odieux.
         Mais, depuis qu'à la foi, Rome, par eux soumise,
         Eut goûté quelque temps le doux joug de l'église ,
         Le théâtre reprit son aotique splendeur,
         Et ne s'écarta plus des lois de la pudeur ;
         Loin de le condamner, les Saints Pères eux-mêmes
         Voulurent l'embellir par de sacrés poèmes,
         Et c'est dans cet esprit qu'on a vu si long-temps
         Nos mystères en proie aux auteurs ignorans.
         Sous ses deux derniers rois, la France, plus polie,
         De ces vieux historiens reconnut la folie ,
         Et, laissant l'évangile à traiter aux docteurs,
         Chercha d'autres sujets propres à ses acteurs.
         Corneille , après Rotrou , de la savante Grèce