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sati©n ! C'est le mot de ralliement de toute la province ; il semble
que chaque cité de la république des lettres se refuse à obéir à
la cité-mère, parle d'indépendance et fasse entendre un cri d'é-
mancipation! Quelques bourgades italiennes soulevées contre
Rome!...
   Depuis longtemps à L y o n , on cherche, on essaie ; on voudrait
de cent morceaux épars créer un corps ; de quelques fleurs éclo-
ses isolément, de loin en l o i n , former un parterre ; de quelques
sons purs , brillans peut-être, mais sans analogie entre eux, com-
poser une musique homogène. Cet essai qui flatte un louable
orgueil fera éclore quelques belles pages , puis avortera, parce
qu'à Lyon la littérature n'a point de b u t , et ne peut surtout avoir
aucun résultat. On fait de l'art pour l'art ; on écrit pour s o i , pour
ses amis , pour la femme qu'on a i m e , pour se voir dans le Pa-
pillon ou dans la Revue du Lyonnais, pour lire dans une soirée ;
car à Lyon il n'y a que les femmes ou un très petit nombre d'amis,
qui paient les auteurs de leurs peines. Tout cela n'est qu'une fu-
mée qui passe, un son qui se perd sans avoir été e n t e n d u , un
joli air estropié sur un orgue de barbarie.
   Et pourtant à Lyon , vivent ou végètent des hommes d'un ta-
lent véritable, à qui il ne manque, pour marcher d'un pas ferme ,
qu'une roule ouverte devant eux; qui sentent au-dedans d'eux-
mêmes une force qui voudrait s'exercer; qui ont besoin d'un peu
de gloire, d'un peu de r e n o m m é e ; que tue l'obscurité, et qui
s'indignent de ne pas trouver d'écho à leurs voix, de tribune à l e u r s
vœux, d'interprète à leurs pensées... hommes souffrans , sur l'or-
ganisme desquels réagit un trop de vie qni, ne s'épanchant p a s ,
les corrode et les étouffe!...
   Ce n'est pas le soleil qui m a n q u e à ces fleurs-là : c'est l'eau !
                                                     KATJFFMANN .

                          DE L'IMPRIMERIE DE h. PERRIN.

                   PRÉLUDES.       POÉSIES DE M. FLOUVIL.

   A tout prix, aujourd'hni, on veut être poète et de plus imprimé , c'est un des
travers du siècle. Aussi , depuis quelque temps nous sommes inondés d'esquisses ,
d'essais poétiques, de préludes, etc. Il n'est pas un jeune homme tant soit peulet-
tré, qui n'ait eu une fois en sa vie la fantaisie de rimer et de traduire en poésies