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318 sati©n ! C'est le mot de ralliement de toute la province ; il semble que chaque cité de la république des lettres se refuse à obéir à la cité-mère, parle d'indépendance et fasse entendre un cri d'é- mancipation! Quelques bourgades italiennes soulevées contre Rome!... Depuis longtemps à L y o n , on cherche, on essaie ; on voudrait de cent morceaux épars créer un corps ; de quelques fleurs éclo- ses isolément, de loin en l o i n , former un parterre ; de quelques sons purs , brillans peut-être, mais sans analogie entre eux, com- poser une musique homogène. Cet essai qui flatte un louable orgueil fera éclore quelques belles pages , puis avortera, parce qu'à Lyon la littérature n'a point de b u t , et ne peut surtout avoir aucun résultat. On fait de l'art pour l'art ; on écrit pour s o i , pour ses amis , pour la femme qu'on a i m e , pour se voir dans le Pa- pillon ou dans la Revue du Lyonnais, pour lire dans une soirée ; car à Lyon il n'y a que les femmes ou un très petit nombre d'amis, qui paient les auteurs de leurs peines. Tout cela n'est qu'une fu- mée qui passe, un son qui se perd sans avoir été e n t e n d u , un joli air estropié sur un orgue de barbarie. Et pourtant à Lyon , vivent ou végètent des hommes d'un ta- lent véritable, à qui il ne manque, pour marcher d'un pas ferme , qu'une roule ouverte devant eux; qui sentent au-dedans d'eux- mêmes une force qui voudrait s'exercer; qui ont besoin d'un peu de gloire, d'un peu de r e n o m m é e ; que tue l'obscurité, et qui s'indignent de ne pas trouver d'écho à leurs voix, de tribune à l e u r s vœux, d'interprète à leurs pensées... hommes souffrans , sur l'or- ganisme desquels réagit un trop de vie qni, ne s'épanchant p a s , les corrode et les étouffe!... Ce n'est pas le soleil qui m a n q u e à ces fleurs-là : c'est l'eau ! KATJFFMANN . DE L'IMPRIMERIE DE h. PERRIN. PRÉLUDES. POÉSIES DE M. FLOUVIL. A tout prix, aujourd'hni, on veut être poète et de plus imprimé , c'est un des travers du siècle. Aussi , depuis quelque temps nous sommes inondés d'esquisses , d'essais poétiques, de préludes, etc. Il n'est pas un jeune homme tant soit peulet- tré, qui n'ait eu une fois en sa vie la fantaisie de rimer et de traduire en poésies