page suivante »
319 fugitives, ses premières sensations. Jusque-là , il n'y a rien que de très-innocent. On devrait craindre délivrer à un public sévère el moqueur ces bluettes, qui n'ont d'autre mérite que celui que les souvenirs de l'auteur y attachent. Il faut l'harmonie et le charme puissant du style de Lamartine ou de Victor Hugo , pour intéresser un lecteur indifférent aux confidences de sa vie intime. Rien de plus insignifiant, en effet, pour un étranger, que les titres typographies avec soin sur la table de tous les recueils de poésies ; comment voulez-vous qu'il s'intéresse aux rêveries , aux extases , aux expansions, aux souvenirs, aux regrets ou au desespoir du pre- mier qui prétend l'initier â ces mystères. Le recueil de M. Florvil, quoique composé de pièces qui ne sont pas sans mé- rite , ne peut offrir aucun attrait à ceux qui ne le connaissent pas. Ces poésies lues entre amis, en petit comité, au milieu des épancliemens du cœur, pourraient avoir quelques charmes pour un cercle encore ému aux récits du poète et bien disposé par son affection pour lui. Mais, entre les mains d'un critique qui les juge à froid , elles paraîtront, sans le prestige de l'à -propos, telles qu'elles sont réellement, pâles d'expression et de sentiment; elles ne feront que reproduire des pensées déjà expri- mées ailleurs avec plus de force ou de grâce. Enfin , ce sera un petit résumé du cours de littérature de M. Noël. En général, les vers de M. Florvil sont faciles et harmonieux, et malgré quel- ques tournures guindées et un style généralement prétentieux , son volume peut obtenir un succès de salon. Il y a tant de gens qui ont du temps à perdre ! C. B. DE L'IMPRIMERIE DE MJSAND : SERMONS DU R. P. DE MAC CARTHY (1). Si la tribune catholique ne retentit plus comme autrefois de cette parole puis- sante des Bossuet et des Massillon, il reste néanmoins quelques orateurs qui apparaissent de temps à autre, pour montrer que l'éloquence chrétienne ne périra pas plus que la foi de Christ. Ainsi notre siècle a vu, dès ses premières années, l'abbé Frayssinous ; puis est venu I.egris-Duval ; puis enfin le P. Mac Carthy. Ces trois orateurs se ressemblent sous plus d'un rapport, et ont su proportionner la parole sacrée aux besoins et aux exigences de leur temps. L'abbé de Mac Carthy prêcha dans notre cathédrale , il n'y a que quelques années ; on n'a point oublié quelle foule nombreuse se pressait avidement autour de la tribune sainte. Ces SERMONS, qui viennent en quelque sorte d'outre-tombe, et qui ne sont qu'un écho affaibli de celte voix si puissante qui se fit entendre aux principales cités de la France, réclament quelques pages dans notre REVUE. Nous les leur donnerons volontiers ; car, en louant l'orateur, il sera consolant pour nous d'avoir à louer aussi l'homme de bien, le prêtre suivant l'Evangile. (i) Lyon , RusancI, 3 vol. in-8 ; i835.