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 peu plus bas. Les maisons ici sont si hautes, et les rues si étroites, que cela suffi-
  rait pour faire de Lyon le séjour le plus lugubre du inonde ; mais le nombre des
 habitans, et l'aspect du commerce répandu partout, suffisent du moins autant
 pour en faire le séjour le plus animé : entre ces deux caractères, vous serez en
 peine de porter un jugement. Laissons donc la ville pour nous occuper de ses en-
 virons, dont la beauté surpasse toute expression. Elle est entourée de montagnes
 toutes parsemées et bigarrées de maisons, de jardins, et de plantations des riches
 bourgeois, qui de là découvrent la ville dans la vallée au-dessous d'une part, et de
 l'autre les riches plaines du Lyonnais, avec les fleuves qui les parcourent, et les Al-
 pes avec les montagnes duDauphiné, pour borner l'horizon. Toute la matinée d'hier,
 nous avons été occupés à gravir le mont Fourrière, sur lequel s'élevait l'ancienne
 ville, perchée à une telle hauteur qu'il n'y avait assurément que l'espoir du gain
 qui pût décider ses voisins à lui faire une visite. Il y a là des ruines des palais
des empereurs qui y ont résidé , je veux dire Auguste et Sévère. Ces ruines con-
sistent uniquement en grosses masses de vieux murs, qui n'ont de respectable
 que leur antiquité. Dans la vigne des Minimes , il y a les restes d'un théâtre. Les
pères auxquels ils appartiennent n'en font aucun cas, et ils nous auraient volon-
tiers montré de préférence leur chapelle et leur sacristie. Les ursulines ont dan»
leur jardin des bains romains ; mais comme nous avions le malheur d'être hommes
et de plus hérétiques, elles n'ont pas jugé à propos de nous admettre. Tout près
il y a huit arcs d'un magnifique aqueduc bâti, dit-on, par Antoine, quand ses
légions: campaient dans le voisinage : il yen a plusieurs autres débris épars çà et là
 dans la campagne , car il apportait l'eau d'une rivière à quelques lieues de dis-
tance dans le Forez. Il y a aussi des restes de sept grandes routes d'Agrippa qui
aboutissaient à Lyon : en quelques endroits, elles sont enfouies à douze pieds sous
terre. En un mot, il y a mille choses que vous ne connaîtrez que lorsque vous
m'enverrez une description de Tumbridge, et de l'effet que les eaux ont produit
sur vous. »


                   Traduction inédite de M. Mézières , professeur de rhétorique au
                            collège royal de Lyon en 1833, actuellement recteur de
                                 l'Académie de Metz.

   NOTA. M. Mézières, dans un très-bon ouvrage qu'il a publié assez récemment,
sous ce titre : Histoire critique de la littérature anglaise , depuis Bacon jusqu'au com-
mencement du XIXe siècle ; Paris, Baudry, 1834, 3 vol. in-8°, consacre un
assez long chapitre aux lettres de Gray, mais celle que l'on vient de lire n'est
qu'indiquée parmi plusieurs autres. Nous sommes bien aises, puisque l'occasion
s'en présente, de rendre ici justice à l'Histoire de la littérature anglaise, écrite en
bonne partie au collège de Lyon. M. Mézières nous a paru se renfermer un peu
(rop dans la biographie, mais ses (rois volumes n'en offrent pas moins une suite