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d'appréciations fines quelquefois, judicieuses le plus souvent et toujours d'une lec-
ture agréable. On peut dire que nous avons peu de livres sur la littérature de nos
voisins d'au-delà de la Manche, aussi bien pensés, aussi bien écrits que celui
de M. Mézières.



                            UN MOT   SUR LES   FABKIQUES.


   Nous extrayons de l'intéressant ouvrage de M. Arles Dufour ^
les deux fragmens suivans, où notre cité se trouve peinte au
moral comme au physique.
    Voici l'opinion de M. d'Herbigivy sur l'esprit de la population de sa Généralité
et de Lyon en particulier, en 1698.
    « En général, le génie de ces peuples n'a point de caractère marqué', les qua-
lités de l'esprit y étant modérées les unes par les autres, avec un assez juste
tempérament ; voici néanmoins les observations particulières qu'on en peut faire ;
Lyon étant une ville toute commerçante, l'esprit du marchand y règne , plein
d'industrie , d'invention et de souplesse, avec beaucoup d'attachement à son* inté-
rêt , et beaucoup d'ordre et d'application aux affaires.
    « Par rapport au gouvernement, l'autorité souveraine est si bien reconnue
dans tout le royaume, qu'il serait mal aisé de distinguer en quel Heu elle est le
mieux établie ; mais on peut dire qu'il n'est pas de grosse ville de la considération
dont est Lyon , qui soit plus facile à gouverner , par deux raisons : l'une, qu'il n'y
a point de gens de justice ni de distinction , soit par leur naissance , soit par leur
état, à oser rien entreprendre , l'autre, que les habitans sont non-seulement ri-
ches , mais qu'ils s'enrichissent journellement; ainsi, ils seront toujours retenus
par leurs propres intérêts, et contiendront la, multitude infinie , qu'il y a dans
Lyon , de petit peuple et d'artisans qui ne subsistent que par le travail que leur
donne le marchand ; la seule cessation du travail, jointe à une grande disette , est
ce qui peut rendre cette multitude fâcheuse. »

    « Lyon, a dit un écrivain (1), qui fait autorité en paraille matière, et dont la
poétique imagination sait embellir par le style, les graves enseignemens de l'éco-
nomie sociale, Lyon est un travailleur infatigable , assis sur le Rhône et la Saône,
les regards tournés vers Paris, le dos appuyé aux montagnes de la Croix-Rousse ,
comme un canut à son métier.
    « Son bras gauche , à travers la forêt des cheminées à vapeur de Saint-Etienne
et de Rive-de-Gier, et les sapinières de la montagneuse Auvergne , saisit la Loi-?
re , et lui verse ses produits par les chemins de fer.

  ( i ) Michel Chevalier.