Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                                                4 34
 lions vulgairement appelées primitives, on a rivalisé de soins pour les a n i m a u x ;
 chez les peuples nomades de l'Asie, il faut le d i r e , ils sont encore beaucoup moins
 à plaindre que là où les cultivateurs asservis et méprisés croient se venger des
 vexations qu'ils endurent chaque j o u r , à chaque instant, en aggravant le poids
 déjà si lourd de l'esclavage , par les tourmens qu'ils indigent aux animaux con-
 damnés à vivre avec eux. Partout où l'intérêt et la basse adulation ont fait déserter
les champs pour servir dans les antichambres d'un maître a b s o l u , l'éducation des
animaux domestiques a été confiée aux mains d'une classe de personnes qui fu-
rent , pour ce fait m ê m e , vouées au mépris. Des Romains , cet affreux système
passa, aux siècles du moyen-age ; la féodalité le rendit plus odieux encore , et ce
ne fut qu'en F r a n c e , au dix-huitième siècle, qu'une voix se fit entendre pour
mettre un terme à l'empire tyrannique exercé sur des êtres dépouillés de leurs
mœurs primitives, do leur instinct.
   Cette voix fut celle de BOURGELAT. Comme on devait s'y a t t e n d r e , elle eut de
l'écho , et c'est à elle qu'est due l'heureuse réforme dont les effets,en grandissanl,
se feront sentir durant de longs siècles. La route du bien une fois ouverte, on s'y
porte par entraînement et on l'adopte par une bienfaisante habitude. La recon-
naissance nous impose donc l'obligation d'étudier celui qui a opéré cette réforme;
on aime à suivre pas à pas ses actions pour épier l'origine de ses idées et la m a r -
che adoptée par lui pour les faire accueillir, pour leur donner une existence p u -
blique et durable.
   CLAUDE BOURGELAT naquit à Lyon , le 27 mars 1712. Sa famille le destinant à la
carrière du b a r r e a u , le fit p a r t i r , après ses premières é l u d e s , pour l'Université
de Toulouse. La France n'avait point alors un code général: sa législation appuyée
sur le Droit r o m a i n , était modifiée selon les coutumes locales ; il fallait beaucoup
de temps pour les connaître, les accorder entre elles, en saisir les différences e s -
sentielles et mettre ainsi à l'abri de toute atteinte, la vie des hommes, la sûreté
de l'état et la garantie des propriétés. Bourgelat, porté par goût et par obéissance ,
à cette étude longue et difficile, sut si bien profiter des leçons des professeurs et
de sa perspicacité naturelle, qu'il fut bientôt maître dans une science qui faisait
le désespoir du plus grand nombre des élèves, et en état de plaider avec succès
devant le parlement de Grenoble. Pour lui le talent de l'avocat ne s'astreignait pas
à la froide explication de certains textes , à l'art de choisir des théories plus ou
moins brillantes, plus ou moins mensongères, dans la vue d'en torturer le sens
littéral : il cherchait à descendre dans la conscience de ses cliens et de ses j u -
ges, il voulait honorer son état par la loyauté des moyens, par l'équité de ses cau-
ses. Il compta plusieurs victoires signalées : il les devait autant à l'éloquence de
sa parole qu'à la supériorité de son raisonnement; autant à l'autorité des faits sur
lesquels ils s'appuyait qu'à l'intime persuasion dont il était pénétré.
  Rarement des triomphes, même mérités, retiennent celui qui les obtient dans
les bornes de la modération; ils éblouissent, ils éveillent un sot orgueil dans les