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76 de la France , Lestocq entend du bruit : ce sont les soldats de Nowogorood qui s'introduisent dans le palais ; il n'y a pas un moment à perdre , il y a une dernière détermination à prendre ; un chœur mystérieux et conspirateur commence ; ce chœur est d'un effet puissant, non que le motif en soit heureux , mais il est conve- nablement placé , l'exécution en est bonne , le crescendo de l'orchestre et des voix y est merveilleux. La pièce se termine par des coups de fusils et par un chœur triomphal ; à pro- pos de cela, je voudrais bien queles porte-drapeaux ne les agitassent pas sur la tête d'Elisabeth d'une manière si ridicule. Madame Vadé-Bibre est aussi bien en rein» qu'elle est mal en bergère , et je vous dirai tout bas qu'elle est très-mal en bergère. C'est entre elle et madame Va- lière un déplaisant contraste de petitesse et de grandeur. Si malgré nos prévisions, Lestocq ne fait pas de brillantes recettes, la faute doit être rejetée , non point sur nos artistes , qui tous ont rivalisé de zèle , mais bien sur Auber. La musique de cet ouvrage est manquée ; elle devait avoir deux caractères opposés : l'un de légèreté et de coquetterie, c'était la part d'Elisabeth; l'au- tre largement indiqué, tracé avec vigueur, appartenait à l'adroit et intrigant méde- cin. Il y a bien çà et là quelques marches de basse qui ont une tendance à reproduire quelque chose de cela, mais ce n'est pas assez ; Auber manquait de sujets, il a écrit pour les acteurs, et non pour le poème; aussi, les morceaux d'ensemble four- millent dans sa partition, tandis qu'on y cherche vainement un morceau capital : tout cela explique peut-être la froideur du public. Cependant, à tout prendre, la musique est jolie, le drame attachant : que faut-il de plus pour un succès? A. MANjai'ET.