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63 Peu de jours après cette grande perte , M. F. Coignet, dans le Mercure Ségusien, nous initiait en ces termes à un des legs fait par M. Dugas-Montbel à sa ville natale : Au moment où lesjournaux de toutes les opinions s'empressent de servir d'or- gane aux justes regrets inspirés par la mort du savant commentateur d'Homère, qu'il nous soit permis, au nom de sa ville natale , de consigner les motifs parti- culiers de notre reconnaissance envers cet honorable concitoyen. Par acte de dernière volonté , en date , à Paris, du 26 novembre 1852, M. Dugas-Montbel lègue à la ville de St-Chamond : 1° Une somme de 10,000 francs pour faire le premier fonds inaliénable d'une caisse d'épargnes et de prévoyance ; 2° Tous les livres et brochures qui composent la bibliothèque de ce savant philologue ; 5° Et une somme de 8,000 francs, une fois payée , pour faire face aux frais d'établissement et d'entretien de la bibliothèque et d'un bibliothécaire, etc. Tous ces legs doivent arriver francs des droits d'enregistrement et puis de de- mande en délivrance à la ville de St-Chamond. De semblables libéralités sont d'autant plus remarquables, qu'à part les mem- bres de son honorable famille et un très-petit nombre de ses compatriotes, parmi lesquels je m'estimais heureux d'être admis , que M. Dugas-Montbel honorait de son amitié , il était à peu près étranger dans sa ville natale. El pourtant, malgré cette espèce d'isolement, il a compris ses besoins; il lui a légué deux choses qui manquent presque toujours aux villes manufacturières : Une ressource contre le manque de travail et les infirmités pour la classe la- borieuse ; Un moyen d'instruction et de délassement pour toutes les classes. Grâce à la prévoyante libéralité de ce digne compatriote , les mœurs de notre population ouvrière ne tarderont pas à s'améliorer , et notre ville sera dotée d'un précieux dépôt de science, que les érudits et les philologues de tous les pays viendront à l'envi explorer. Honneur aux hommes riches et aux hommes instruits qui comprennent ainsi leur mission ! Déjà M. FOCRNAS, ancien député de la Loire, natif de St-Chamond, avait donné l'exemple de pareilles dotations , en léguant un riche cabinet de phy- sique au collège communal. Dans notre localité où les sentimens philanthropiques ont de l'écho et n'ont besoin que d'être dirigés, de si nobles exemples, on peut le prédire , ne seront pas sans fruits. A nous à acquitter la dette du souvenir et de la reconnaissance : que le buste de M. Dugas-Montbel soit inauguré, aux frais de la ville , dans la salle de la bibliothè- que ; que son nom soit donné à la rue où est située sa maison, le manoir de ses pères , comme il l'appelait, car la mémoire des hommes qui ont illustré et doté leur pays, doit être gardée aux populations.