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  Peu de jours après cette grande perte , M. F. Coignet, dans le
Mercure Ségusien, nous initiait en ces termes à un des legs fait
par M. Dugas-Montbel à sa ville natale :
    Au moment où lesjournaux de toutes les opinions s'empressent de servir d'or-
gane aux justes regrets inspirés par la mort du savant commentateur d'Homère,
qu'il nous soit permis, au nom de sa ville natale , de consigner les motifs parti-
culiers de notre reconnaissance envers cet honorable concitoyen.
    Par acte de dernière volonté , en date , à Paris, du 26 novembre 1852,
M. Dugas-Montbel lègue à la ville de St-Chamond :
    1° Une somme de 10,000 francs pour faire le premier fonds inaliénable d'une
caisse d'épargnes et de prévoyance ;
    2° Tous les livres et brochures qui composent la bibliothèque de ce savant
philologue ;
    5° Et une somme de 8,000 francs, une fois payée , pour faire face aux frais
d'établissement et d'entretien de la bibliothèque et d'un bibliothécaire, etc.
    Tous ces legs doivent arriver francs des droits d'enregistrement et puis de de-
 mande en délivrance à la ville de St-Chamond.
    De semblables libéralités sont d'autant plus remarquables, qu'à part les mem-
 bres de son honorable famille et un très-petit nombre de ses compatriotes, parmi
 lesquels je m'estimais heureux d'être admis , que M. Dugas-Montbel honorait de
 son amitié , il était à peu près étranger dans sa ville natale.
     El pourtant, malgré cette espèce d'isolement, il a compris ses besoins; il lui a
 légué deux choses qui manquent presque toujours aux villes manufacturières :
     Une ressource contre le manque de travail et les infirmités pour la classe la-
  borieuse ;
     Un moyen d'instruction et de délassement pour toutes les classes.
     Grâce à la prévoyante libéralité de ce digne compatriote , les mœurs de notre
  population ouvrière ne tarderont pas à s'améliorer , et notre ville sera dotée d'un
  précieux dépôt de science, que les érudits et les philologues de tous les pays
  viendront à l'envi explorer.
     Honneur aux hommes riches et aux hommes instruits qui comprennent ainsi
  leur mission ! Déjà M. FOCRNAS, ancien député de la Loire, natif de St-Chamond,
  avait donné l'exemple de pareilles dotations , en léguant un riche cabinet de phy-
  sique au collège communal. Dans notre localité où les sentimens philanthropiques
   ont de l'écho et n'ont besoin que d'être dirigés, de si nobles exemples, on peut
  le prédire , ne seront pas sans fruits.
    A nous à acquitter la dette du souvenir et de la reconnaissance : que le buste de
  M. Dugas-Montbel soit inauguré, aux frais de la ville , dans la salle de la bibliothè-
  que ; que son nom soit donné à la rue où est située sa maison, le manoir de ses
  pères , comme il l'appelait, car la mémoire des hommes qui ont illustré et doté
  leur pays, doit être gardée aux populations.