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et'te lendemain il court au cabinet littéraire. Qu'auront-ils dit ?
pensait-il en marchant ; s'ils pouvaient faire mon éloge ! Quel
morceau ont-ils choisi ! Si ce n'était pas le meilleur! S'ils allaient
se moquer de moi ! Il y a des vers bien faibles; en revanche il y
en a de bien beaux ! Allons, voyons !
U n , deux , trois journaux ; il les met là , sous sa main , il n'ose
y lire ; son arrêt est là ..., Son cœur se serre.... Si on le regardait,
on le verrait tout pâle 11 tremble, je crois.... O u i , oui, il t r e m -
ble réellement. Au fait, c'est son jugement qu'il va lire ; voilà ses
juges , et l'auditoire , c'est tout Paris , c'est toute la France ; quelle
position ! Il a écrit sous l'inspiration de son cœur et ces douze
écrivains qui vont le juger , ils ne le connaissent pas ; l'ont-ils lu
tout entier ? l'ont-ils bien compris ? Si son ouvrage leur paraît
condamnable , ont-ils entendu son avocat ? Non , ils vont le juger
à leur caprice ; il n'y a pas de loi pour cela , au gré de leurs pas-
sions , sous le coup de leurs émotions , sans accord entre eux ,
peut-être ? Ils sont douze ; quatre diront : ce n'est ni b i e n , ni
mal ; quatre seront contre l u i , quatre seront pour. Tout se réduit
à savoir le nombre d'abonnés de chacun. Si le journal pour est
couru , l'auteur y gagnera de la réputation. Si le journal contre a
la vogue , il est perdu. Allons , lis , poète , tu t'adresseras ensuite
aux facteurs de la poste aux lettres pour savoir si tu es un homme
d'esprit ou si tu n'es qu'un sot. Mais s'il n'y avait personne pour !
Qu'elle inquiétude il éprouve ! Yoyons : P a r i s . . . ; c'est de la poli-
tique ! toujours elle. Depuis quelques mois on a juré , je crois ,
de ne timbrer aucun journal s'il ne contient un éloge des minis-
tres , ou une philippique contre eux.
Pas un mot de littérature! amendez-moi ce juré-là , il est en r e -
tard ; non, faites lui grâce, le poète gagne peut-être à son silence.
L'autre : Variétés : c'est son article sans nul doute.... Non ,
des vers.... Qu'ils sont faibles ! ils en font l'éloge ! a l l o n s ,
il n'a rien à craindre de ce journal, il sera pour. Mais son ar-
ticle.... il n'y est pas... il les parcourt tous les douze et le nom
de son ouvrage n'y est même pas indiqué ! Je l'aurai envoyé
trop tard , se d i t - i l , ils n'auront pas eu le temps ; et puis le com-
positeur, l'imprimeur, le prote Si le public savait par com-.
bien de mains passe la pensée d'un homme avant d'arriver à sa