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qui finit, un avenir cl un passé, une génération qui naît et une
génération qui meurt.
   Pourquoi Dieu a-t-il mis au cœur des vieillards tant d'amour
pour les enfans ? pourquoi chez eux, si rigides d'ordinaire pour
les écarts et les imprudences de jeunesse , trouvons-nous tant
d'indulgence pour les premières années d e l à vie:'... C'est peut-
être parce qu'il est dans notre nature et dans notre destinée d'ai-
mer à protéger le faible cl que le vieillard se réjouit de pouvoir
encore remplir vis-à-vis de l'enfant une mission de protection
qu'il ne lui est plus permis d'exercer ailleurs ; —- peut-être
aussi Dieu a-t-il voulu que l'homme au seuil de la tombe portât
ses yeux et sa pensée vers ce qu'il y a de meilleur dans la
création, afin qu'il se sentît consolé, à cet a s p e c t , dés déceptions
cruelles de la vie, qu'il se purifiât au souffle de l'enfance, et
qu'en partageant avec elle ses joies saintes et naïves, il se déta-
chât de plus en plus des joies empoisonnées du monde.—•Peut-
être est-il dans les desseins de Dieu que la vue d'une félicité sans
remords prépare à la contemplation des anges et fasse concevoir à
l'homme qui va dire adieu à celle vie quelque chose déplus éle-
vé et de plus vrai que les félicités impures de la terre !
   Avec quel plaisir ne se souvient-on pas du g r a n d - p a p a , de la
vieille grand-maman qu'on avait quand on était petit enfant, —
qu'on n'a plus à présent qu'on est devenu homme ?—On se
prend souvent à en causer tout seul quand on se retrouve aux
endroits où on les a vus, près dujoyer où on les a entendus, soi
enfant, raconter de longues histoires d'autrefois, où l'on a sauté
sur leurs genoux, j o u a n t , riant avec eux. On aime h attacher
un regard pieux sur les meubles qu'ils ont touchés; — on r e -
passe dans son esprit mille petites circonstances qui s'ont da
signification et de valeur que pour nous, de ces riens que les a u -
tres ont oubliés, mais qui se sont gravés dans notre jeune
mémoire cl qu'on sait par cœur; et puis on se souvient qu'un
jour est venu où l'on a cherché en vain les caresses du vieillard
qu'on aimait tant parce qu'on était son enfant bien-ainré, pafC3
qu'il nous embrassait quand nous pleurions et prenait toujours
noire parti quand d'autres venaient à nous gronder; -—et ce fut
un jour bien fatal, un jour qui a fait époque dans notre vie, que
celui où on nous a dit : il est mort! à nous enfans qui ne savions