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                              CHRONIQUE LOCALE.                                419
 d'artillerie qu'il offre à l'armée. Ces dons, ces générosités , ces dévoue-
 menïs sont une consolation et un espoir pour le pays.
     — Le dimanche 20 novembre, des ouvriers, sur l'ordre du Conseil mu-
 nicipal, ont commencé à enlever la statue de l'empereur Napoléon I e r ,
 place Perrache , « à en débarrasser la place, » suivant l'expression du
 Progrès. La besogne a été terminée lundi. Nous approuvons cette mesure ;
 la vue du vainqueur de l'Allemagne ne pourrait que déplaire aux Prussiens,
 s'ils entrent dans notre ville. Quant à Louis XIV, qui nous donna l'Alsace
 et la Franche-Comté, nous ne voyons pas pourquoi nous garderions sa sta-
 tue, si on doit nous ravir les deux provinces qu'il conquit jadis à la France
 et auxquelles son nom est attaché. Les Voraces de 1848 voulaient déjà
 nous débarrasser de ce bronze qu'ils estimaient vingt-cinq millions, somme
 capable de payer toutes les dettes de la ville. A cette époque, la population
s'émut, protesta et garda son jouet. Ces temps sont loin et nous sommes
persuadé que personne ne protestera si aujourd'hui on descend le grand
roi de son piédestal. Ce sera encore une besogne toute faite lors de l'en-
trée de l'ennemi; L'exemple de Rouen ne doit pas être perdu pour nous ;
il faut bien faire quelque chose pour la Prusse,
    Pendant qu'on descendait la statue de Napoléon, un ouvrier des chan-
tiers nationaux, apostrophant la statue de la Loi, un des bas-reliefs du
piédestal, la tirait par le nez et disait : « La voilà, la malheureuse, la
mauvaise, la gueuse, celle qui en a tant fait dans sa vie ! »
    — Qui donc ? lui dîmes-nous, étonné.
    — La Marie-Louise, la femme de l'empereur.
    — Mais c'est la Loi, voyez son nom : Lex.
    — Taisez-vous donc, vous. Je sais bien ce que je dis.
    En effet, il n'y avait rien à répondre, sinon que cela vote, règne et
gouverne. Et je me tus comme un bourgeois.
    — La colonne commémorative , élevée au camp de Sathonay à Napo-
léon III, a été renversée par un bataillon de la Garde naiionale de Lyon ,
aidé par les Mobiles cantonnés au camp.
    La statue érigée au premier empereur, à la cité Napoléon, n'existe plus.
Nous avons encore cependant Suchet, Martin et Jacquard en très-beau
bronze.
    — Le général Alexandre, ayant été d e s t i t u é . . . . nous ne savons pour-
quoi, M. Baudesson de Richebourg, ancien officier supérieur du génie et
commandant du génie de la garde nationale, a été nommé, à sa place, com-
mandant supérieur des gardes nationales du Rhône.
    Ici, du moins, le choix ne pouvait être plus heureux, et nous espérons
qu'un bon général étant donné, nous aurons enfin la chance de le garder.
    M. Baudesson, ami du général Cavaignae, a 65 ans à peine. C'est un
homme d'ordre et de probité, ferme et capable, décoré en 1844 pour les
travaux importants qu'il avait fait exécuter. Commandant du génie, en non
activité depuis 1860, il habitait Lyon depuis dix ans, lorsque la voix de
ses concitoyens l'a désigné à l'autorité pour le poste éminent qu'il occupe.
Avec lui, pas d'émeute possible.
    •— Les nouveaux journaux vivants sont, à vol d'oiseau : Le Guignol illus-
tré, h République illustrée, le Petit Journal de Lyon, la Défense nationale,
le Gnafron, et probablement le Bons Sens, arrivé à son numéro 2.
    Les morts sont : Le Républicain, le Journal des dépêches, le Drapeau
rouge, la Lanterne du Rhône, l'Antéchrist décédé au numéro 5, 16 novem-
bre, 26 brumaire an 79 !!! la Réforme politique dont le rédacleur en chef
est parti pour la guerre. D'après avis, si celui-ci revient, l'autre reparaîtra.
Merci, mon Dieu !
    0h annonce, par affiche rouge, h République universelle. Gare aux tièdes.