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198         ÉTUDE SUR LES TABLES CLAUDIENNES.

publique et privée où brille le sentiment de l'équité et le
don de la pénétration, qualités bien incompréhensibles
dans un prince proclamé méchant et stupide. Telle est
cette histoire d'une mère dénaturée qui refusant de re-
connaître son fils, séparé d'elle depuis assez longtemps,
fut condamnée à l'épouser sur l'heure par Claude indi-
gné (1). Remplie d'horreur à la pensée de l'inceste que
lui infligeait la décision impériale , cette femme, dit le
vieux Paradin, « confessa que c'estoit son propre fils et
« le recognut pour tel (2) ». C'était où l'attendait le nou-
veau Salomon.
    En somme, malgré tout ce que Suétone entasse, la bio-
graphie de Claude montre à quelle énorme distance les
bonnes volontés de cet empereur., dégagées de l'exploita-
tion de son entourage, le mettent du fou furieux qui le
précède et du monstre insensé qui le suit.
    Tacite., lui, se tient dans une assez juste mesure, et les
parties de son immortelle histoire qui concernent Claude
 mériteraient toute confiance, si la réputation de ce prince,
 sacrifiée à d'exécrables ambitions, n'agissait parfois sur
 l'éminent historien sans qu'il sans doute. Chez lui, le bien
et le mal chargent la balance d'un poids égal. Parmi les
 faits à l'honneur de Claude, je ne puis, tant l'autorité de
 Tacite est imposante, omettre celui-ci où se manifestait
 la capacité du prince , la mansuétude et la modestie de
 l'homme. Je l'emprunte à la version de M. Nisard :
    « Claude admit au nombre des patriciens les Sénateurs
 « des familles les plus anciennes dans le Sénat ou les plus
 « illustrées. A peine restait-il quelques-unes de celles que

   (1) Feminam non agnoscentem filium suum, dubia utrinque argu-
mentorum fide, ad conftmionem compulit, indicto matrimonio juve-
nis (Suet. in Claud., xv).
   (2) Mémoires de l'histoire de Lyon, liv. i, ch. 22.