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178                        ÃHÉCROLOGIE.

bibliothécaire, ouvert tous les jours pendant une partie de la
journée, et où il était très assidu, on était sûr d'y trouver
l'académicien secrétaire, puisqu'il était tous les deux à la
fois, par l'effet d'un cumul de bon vouloir et non de profit,
 contre lequel nul ne protestera certainement.
    Ce cabinet était devenu peu à peu, et par la suite du temps,
 dans notre ville de Lyon, comme un de ces salons du vieux
 Marais de Paris sous Louis XIII, où venaient et se succédaient
 un jour ceux-ci, un autre jour ceux-là, des interlocuteurs plus
 ou moins instruits, lettrés, savants, agréables causeurs, remuant
 les lèvres pour toutes autres choses que des banalités baromé-
 triques ou des lieux communs. — Le maître du bureau savait
 se taire à propos et se donner même des airs de taciturne, quand
 la conversation était assez piquante pour qu'il en profitât, un peu
 sournoisement, plus que tout autre. Il ne prenait la parole que
 pour attiser, ranimer la causerie avec ces traits d'esprit malin en
 apparence, bienveillant au fond, légèrement enclin à la contra-
 diction et au paradoxe. Il se dégageait alors de son esprit
 des étincelles finement et inoffensivement caustiques. Il avait
 en cela hérité de son père, l'aimable fonctionnaire des Domai-
 nes. Enfin, il y mêlait toujours à propos ces récits anecdotiques,
 ces appréciations littéraires, économiques, politiques qu'il avait
 puisées dans de nombreuses lectures, et qu'avait retenues une
 assez heureuse mémoire.
   On a justement loué son style, autre héritage personnel qu'il
nous a été donné de constater. Nous avons cité ses rapports en
matière de salubrité, d'établissements industriels à autoriser ou
non, ajoutons ceux d'hygiène publique. Ce sont des modèles
du genre. Ses petits billets, il aimait à en écrire, toujours
laconiques, étaient d'un tour gracieux et parfumés de mots
aimables et naturellement éclos sous sa plume. — Les lettres
qu'il lui arrivait de rédiger au nom de l'Académie, sous la signa-
ture du Président de semestre, ou sous la sienne propre, possé-
daient au contraire l'ampleur littéraire et magistrale qui conve-
nait à la haute compagnie dont il était l'organe autorisé. —