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ÎW LE PAGE DU BARON DES ADRETS. se déchira dans son esprit et il se souvint de tout. Ma- rianne était en fuite et Blancon était mort. Des deux êtres qu'il avait Se plus aimés, l'un éïait malheureux par lui, et l'autre il l'avait tué. A celte pensée déchi- rante, les larmes vinrent à ses yeux ; le vieux guerrier était vaincu ; terrassé par le remords, il se releva par le repentir. Mu comme par un ressort, attiré par une vo- lonté divine, il s'assit brusquement sur son lit et, joi- gnant les deux mains qu'il leva vers le ciel, il prononça ces mots avec une énergie indéfinissable : Ah ! mon Dieu ! A ce cri, à cet appel, à celte prière, les trois jeunes filles se précipitèrent auprès de lui. Elles l'entourèrent de leur soins et de leurs caresses, et Philomène élevant ia voix à son tour, invoqua le ciel avec la plus ardente ferveur. — 0 Seigneur ! dit-elle avec des larmes, vous avez touché le pécheur ; vous l'avez inondé de votre grâce ; dans votre miséricorde infinie, faites qu'il persévère. Vierge sainte dont on a renversé les autels, prenez la main de votre enfant, et soutenez-le dans le chemin. Le barou inclinait la tête et semblait répéter tout bas ces paroles, puis, la force lui revenant, il ajouta tout haut : — Ah 1 mauvaise destinée que la mienne ! que de crimes ! que de malheurs ! mais je te prends à témoin, Dieu des armées: ma carrière est finie. Désormais, je suis à toi et demain commencera l'expiation ; et laissant retomber sa tête sur son chevet, le baron, le front trans- figuré, l'expression souriante et reposée, s'endormit d'un profond sommeil.