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                POESIE.

A M. ARTHUR DE GRAVILLON.
  Le Temps dans sa fuite rapide
  Couche l'année en son sillon ;
  Depuis six mois, la Prusse avide
  Nous écrase sous son talon.
  Depuis six mois, ensanglantée,
  La France râle sous le fer,
  Non mourante, mais révoltée,
  Et Von sent la vengeance en l'air.
  Depuis six mois, chacun se lève,
  Et s'élance, bouillant soldat,
  Brandissant la fourche ou le glaive.
  Ou la plume rude au combat.
  La main faible, au fer inhabile,
  Réveille, aux appels du tambour,
  Toutes les fureurs de la ville,
  Et les colères du faubourg.
 Poussant tous deux un cri de haine,
 Laprade et Souîary font feu,
 Et Siéfert la républicaine
 Chante la paix qu'on a si peu.
 En ces jours d'affreuse tristesse,
 Lorsque chacun se sent périr,
 Pourquoi ta plume vengeresse
 S'allanguit-elle au lieu d'agir?
 J'entends au loin, dans la mêlée,
 La Gloire prononcer ton nom ;
 La France écoute, consolée ;
 Mais c'est un autre Gravillon.
 Pourquoi de ton arme terrible
 Ne pas frapper l'homme du Nord?
 Que le Germain soit une cible
 Pour le ridicule ou la mort.
 Viens, que ta muse enchanteresse
 Ranime nos vaillants soldats !
 Quand Tyrtée enivrait, la Grèce,
 Sa main valait cent mille bras.
                              Aimé     VINGTRINIER.