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                       LE ssorouK'i' S'ATAL.                    8!"i

plant avec cette naïve complaisance et celte intrépide fixité dont
les amoureux savent l'usage alors qu'ils pensent ne pas être
vus. Devant le choc imprévu et rapide, du regard de l'étudiant,
celui de Solange n'eut point le temps de faire retraite et subit ce
choc tout entier, étrange commotion que font éprouver deux
œillades chargées de flammes qui s'échangent ainsi à l'impro-
viste.
   Un magnétique aimant les enchaîne et les mystères du cœur
jaillissent de ce heurt subtil.
   Entre ces deux regards qui se rencontrent s'agite un poème
en trois chants.
                        PREMIER CHANT.
   Les deux regards s'arrêtent provoquants et interrogateurs
comme deux épées qui s'entrecroisent.
   Ils s'interpellent.- Que me voulez-vous ? Qu'avons-nous à nous
dire ?
                       DEUXIÈME CHANT.
  Les étincelles se brisent; une tendresse mate et humide en
adoucit l'éclat ; les prunelles se fondent noyées dans un délire
fugitif. La fusion est faite ; on s'est compris.

                       TROISIÈME CHANT.
   A ce délire magnétique succède une félicité sans bornes ; il se
fait dans les yeux une explosion d'apaisement joyeux; ils chan-
tent un cantique d'actions de grâces.
   On sait qu'on aime et qu'on est aimé.
   Ce drame vertigineux qui entraîne l'humanité dans ses trois
actes et qui a décidé cent fois du sort du monde, se joue en
deux ou trois secondes.
   C'est ainsi que Solange et Remy échangèrent le ciel entre
deux Å“illades et surent qu'ils s'aimaient.
   0 suave ivresse ! délicieux vertiges des regards nés de l'amour !
effluves divins, magiques reflets qui traduisez dans un poème
instantané et mystérieux, les joies, les espérances, les craintes,
les voluptés, les souvenirs, les sollicitudes, les soullrances et