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488 UN MARIAGE SOCS LES TROPIQUES.
semblait en rien à la dédaigneuse personne qui avait déplu
si fort au comte et à la comtesse. Soit que les cheveux dorés
etrœilnoyédeRodolphel'eussentimpressionnée,soitqu'elle
s'abandonnât au désir toujours caché dans le cœur d'une
jeune fille d'inspirer une préférence et d'attirer les hom-
mages, sa voix était pleine de suavité et son regard tra-
hissait une attraction naissante. Il était tard quand le jeune
homme prit congé et Dona Herminia, en lui donnant le
salut habituel du pays, laissa sa main plus longtemps que
de coutume dans celle de Rodolphe, qui semblait oublier de
partir.
Ce dernier revint tout pensif et dormit mal. L'amour
n'avait pas encore saisi sa proie, mais l'état de son âme
n'était plus celui de la veille. Une pensée vague, non
réfléchie, le ramenait près de Dona Herminia, et tous les
soirs, comme entraîné par une force supérieure, il gagnait
furtivement la rue où demeurait le général. Arrivé sur le
seuil, le cœur lui battait violemment, mais aussi chaque
fois la main de Dona Herminia restait un peu plus long-
temps dans la sienne.
Un soir, au retour de ses visites habituelles, sa préoc-
cupation était telle que Wilhelmine s'en aperçut et, l'at-
tirant tout près d'elle, elle déposa un baiser maternel sur
ses yeux rêveurs.
— Qu'avons-nous donc aujourd'hui, mon beau distrait!
s'écria-t-elle en le caressant.
Mais... rien..., ma mère! répondit Rodolphe, dont les
joues s'empourprèrent.
— Fi! que c'est laid de mentir ! ajouta la comtesse, le-
vant un doigt dans une amoureuse menace et jouant avec
les cheveux de cette blonde tête, qu'elle avait prise sur ses
genoux. Nous avons quelque ennui caché, quelque peine
secrète, et où pourras-tu, méchant enfant, trouver une