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298 AUTOUR DE LYON. reuse à travers les eaux voisines de leur delubrum. Pour se les rendre propices, il versai! dans leur trésor une offrande propor- tionnée à l'importance de son convoi, el, grâce à celte démarche préalable, il franchissait sans trou d'obstacle la passe surveillée. Mais, si l'on se reporte aux souvenirs laissés dans les alentours, il semble que, d'une part, les prétentions exorbitantes des détenteurs du passage et, de l'autre, les fraudes des intéressés rendaient fréquement la négociation difficile et le trajet périlleux. Ainsi, pour moi, les Eburnicœ équivalent à des déesses pro- tectrices d'un clan-frontière du nom à 'Ebowm, celui-ci à la dénomination de « réunion d'eaux sacrées », dénomination com- mune, au surplus, à toute la famille indo-européenne : chez les Hindous, descendants des Aryas, les eaux de lacs, de fleuves, surtout du Gange, sont toujours honorées comme saintes ; les Iraniens, eu i, avaient leurs Ronds, les Cymris, leur Difrdwy, « divine -eau courante» que les latiuisants traduisent Deva, les modernes Dée. Les Grecs actuels donnent même aux rivières, aux sources, aux lagunes divinisées par leurs ancêtres, ainsi qu'aux eaux de certains puits, le titre de sacrées « «yt'« «uyi (1) ». N'êtes-vous pas de mon avis ? — Ma foi, je ne puis en disconvenir, votre interprétation me donne des Déesses Mères, mon cher camarade, une idée passa- blement satisfaisante. Mais que pensez-vous de : — Saunant, dont la vallée se développe à quelques pas, si fraîche, si verte, si joyeusement encadrée de ce double rang de montagnes, proportionné à l'étendue du cadre? — J'y vois bel-nant « de monts-vallée » , du celtique ancien bel, bil, pel, pil, sommet, hauteur (2), et de nant, ruisseau, (1) Pouqueville, Voyage de la Grèce, passim. — Hanriot, Recher. sur la topograph. du dêmes. de l'Attique, p. 141.—D'Anse dcVilloisin sur Morin, Dict. étym. des mois tirés du grec, t. II, p. 27, en no(. etc. (2) Lett. à M. Mulsant, à propos du mont Pilât, dans la Revue du Lyonn., t. III, pp. 199-211.