Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
344                            POÉSIE.


                                 III.
         Mais tandis que des cieux l'aigle fend le nuage,
      Que le petit oiseau nous dit, son doux ramage,
      Notre fleuve royal, frère et rival du Rhin,
      Arrose nos cités, en son cours souverain,
      Et du Nord au Midi, sur sa route liquide,
      Fait voler les esquifs, à la course rapide.

         0 mon Rhône azuré ! puissant miroir des cieux !
      Que de fois j'ai suivi ta vague aux reflets bleus,
      En mère, caressant tes opulents rivages,
      Et semant la richesse en tes splendides plages !
      Que de fois, en tes flots, j'ai cherché la fraîcheur,
      Lorsque le grand lion répandait son ardeur !
      Que souvent, emportée en légère nacelle,
      J'ai descendu ton cours, vite comme l'oiselle
      Se hâtant vers le nid de ses chers oisillons,
      Qui l'attendent, groupés sous les verts pavillons !
      Oui, j'ai souvent couru sur tes sentiers humides,
      0 mon superbe fleuve, aux marins intrépides !
      D'un de tes bords à l'autre, en un rustique bec,
      J'ai traversé tes flots, étendus comme un lac,
      Pour gravir, pas à pas, l'imposante montagne.
      Et voir, de ses hauteurs, la riante campagne
      Dont le sol dauphinois te ceint si richement,
      Déployant aux regards un long ravissement.

         Depuis un demi-siècle absente de tes rives,
      J'ai pu, bien rarement, revoir tes perspectives,
      Rhône, mon fleuve aimé ! — mais il me reste au cœur
      De toi doux souvenir et des âges vainqueur.
      De mon Dauphiné-Roi, belle et fière parure,
      N'es-tu point une part de sa riche nature ?
      Comme on t'aime, ô mon Rhône ! en notre Dauphiné,
      Surtout quand on naquit sur ton bord fleuronné.